Bénédicte Saint-André

Vincent Bru : Les auteurs de crime de sang ne devraient pas être rapprochés pour l'instant

Lors de la traditionnelle cérémonie des vœux de la Chancellerie, ce lundi 15 janvier, le député Vincent Bru a pu s'entretenir avec Hélène Davo, référente du ministère sur le dossier des détenus basques. Un plan opérationnel sera présenté à la délégation basque dans les prochains jours. En parallèle, le dialogue s'ouvre avec des associations de victimes d'ETA. 

Le député MoDem Vincent Bru serrant la main de Fabien Lainé, directrice du centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan, où des détenus basques seront rapprochés. ©Bob EDME
Le député MoDem Vincent Bru serrant la main de Fabien Lainé, directrice du centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan, où des détenus basques seront rapprochés. ©Bob EDME

Vous avez eu un échange avec Hélène Davo sur le dossier des prisonniers basques. Quelle en a été la teneur ?

Vincent Bru : Elle m'a réitéré la volonté de la Chancellerie d'avancer sur ce dossier. Une réunion aura lieu très prochainement au ministère avec la délégation basque à laquelle j'appartiens. Nous sera alors présenté un plan opérationnel de rapprochement, par étapes, et de manière non collective. Tout cela devra se faire selon des critères objectifs, tels que le degré d'éloignement de la famille. Elle m'a assuré que ce plan serait ensuite mis en œuvre dans les meilleurs délais (confirmant les déclarations du porte-parole de la Chancellerie, ndlr.)

L'ensemble des détenus basques sera-t-il concerné par ce rapprochement ?

V.B : Je ne peux commenter un plan qui ne nous a pas encore été présenté. Mais comme il a été posé dès notre première rencontre, les auteurs de crimes de sang ne devraient pas être rapprochés pour l'instant. Leur cas sera étudié en dernier. Je considère pour ma part que des gens ayant passé plus de 25 ans en prison ont payé leur dette à la société. Et nous continuerons à avancer sur les demandes de libération conditionnelle, comme sur la libération des détenus malades.

La prise en compte de la souffrance des victimes est l'autre volet essentiel du processus de paix. La Chancellerie devrait rencontrer des associations de familles de victimes d'ETA le 24 janvier prochain. Une démarche que vous allez aussi faire vôtre ? 

V.B : Tout à fait. Avec Max Brisson (sénateur LR, ndlr.), nous allons également rencontrer des associations de familles de victimes à Vitoria-Gasteiz, en février prochain. Nous savons que ces associations sont très militantes et qu'elles seront en désaccord avec cette démarche de rapprochement. Mais il nous paraît indispensable d'ouvrir un dialogue avec elles.

En décembre dernier, vous avez rencontré deux membres d'ETA Mikel Albizu et Maixol Iparragirre, à la prison de Réau. Une rencontre marquante, on imagine, dans une carrière politique ?

V.B : Ce fut un entretien très intense en effet. J'ai trouvé très émouvant leur cheminement sur la question des victimes, justement, sur la prise en compte des souffrances engendrées. Ce sont des personnes très construites intellectuellement. Leur approche est intéressante et permet de mesurer le chemin parcouru. Ils dégagent calme, sérénité et sens des responsabilités. Ils sont et resteront des nationalistes basques, mais ils veulent sincèrement tourner la page de la violence au Pays Basque.

Ce qui m'a également marqué, c'est que le directeur de la prison m'a confié que les détenus basques étaient des détenus très corrects. Il peut y avoir des tensions, et c'est normal, mais il a tenu à le souligner.