Rébillard, Chloé

A Hasparren, Leclerc tente le chantage aux subventions

Le conseil municipal d’Hasparren a voté contre l’ouverture du Leclerc le dimanche pour les fêtes de 2018 lors de sa dernière session, le 29 novembre dernier. Mécontente, la direction du magasin a fait savoir aux associations de la ville qu’elle subventionnait jusqu’à présent, qu’elle leur retirait les aides.

A Hasparren, Leclerc retire ses subventions aux associations, au prétexte que son magasin ne peut pas ouvrir les dimanches de fêtes en 2018. © Wikipedia Commons
A Hasparren, Leclerc retire ses subventions aux associations, au prétexte que son magasin ne peut pas ouvrir les dimanches de fêtes en 2018. © Wikipedia Commons

"Compte-tenu de la décision prise par le conseil municipal d’Hasparren ne nous autorisant pas à ouvrir les dimanches de fêtes de fin d’année, nous ne pouvons pas donner de réponse favorable à votre demande. C’est avec un certain regret que nous avons pris cette décision qui découle de l’avis de votre conseil municipal." Cette missive a été reçue à la mi-décembre par les associations que Leclerc subventionnait à Hasparren, dont le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS).

Le CCAS organisait chaque année un Noël pour les enfants défavorisés en partenariat avec le magasin Leclerc. D’autres associations, sportives notamment, recevaient un pécule pour les aider à organiser des événements ponctuels, sous la forme du sponsoring. Selon Martine Etxezaharreta, conseillère municipale de l’opposition abertzale : "pour certaines associations, c’est la mort assurée, car même si ce ne sont que quelques centaines d’euros, elles vivent avec un budget très serré."   

Le conseil municipal qui a voté, fait extraordinaire, à bulletin secret, avait acté par 20 voix contre, 7 pour et 2 abstentions de la non-autorisation de l’ouverture le dimanche. Le maire, Beñat Inchauspé, avait suivi l’avis du conseil et interdit l’ouverture des commerces l’après-midi des dimanches de fêtes pour l’année 2018. 

Des élus révoltés

Des élus d’Hasparren sont remontés contre la réaction de Leclerc qui s’apparente à un chantage aux subventions. Pour Martine Etxezaharreta, qui a voté contre l’ouverture pour "des raisons évidentes de protections des salariés" : "un magasin ne peut pas s’absoudre d’une volonté municipale et utiliser des associations pour faire pression sur les élus !" 

Le maire, et président du CCAS, a également renvoyé une lettre, le 22 décembre dernier à la direction du Leclerc dans laquelle il prend acte de la décision du magasin de suspendre ses aides auprès du CCAS et critique vertement la méthode employée. Il écrit : "sur le fond, je ne peux que déplorer une telle attitude, par laquelle vous établissez un lien de cause à effet entre la décision municipale et votre partenariat avec le CCAS ; votre conception de l’économie solidaire et désintéressée ne vous fait pas honneur !"

Les décisions d’ouvrir les commerces certains dimanches de l’année suivante sont votées lors des derniers conseils municipaux de l’année. Depuis 2015, la loi Macron a étendu la possibilité d’ouvrir les commerces douze dimanche par an sur dérogation du maire. Le sujet est toujours aussi houleux entre ceux qui dénoncent l’atteinte aux droits des salariés et ceux qui défendent cette loi comme une adaptation à l’économie du XXIe siècle. A Bayonne, il a également fait l’objet d’un débat lors du dernier conseil municipal, le 14 décembre, transcendant le clivage entre la majorité et l’opposition.