Béatrice MOLLE-HARAN

Vigilance bienveillante à tous les étages

On ne pourra faire l’économie de se pencher sur le passé et de dénoncer tous les abus humains d’où qu’ils viennent

Béatrice Molle-Haran. © DR
Béatrice Molle-Haran. © DR

La période de Noël est souvent synonyme de paix, de quête de bonheur et de joies partagées. Avec aussi une atmosphère sirupeuse assez insupportable pour beaucoup.

Ceux et celles isolés ressentent alors durement cette période. Contre la fatalité du destin il est toujours possible d’agir. Ces derniers jours face à la réaction unanime des associations d’aide aux migrants contre le projet de loi “asile et immigration” le gouvernement Macron semble reculer mais la vigilance reste de mise.

Ce mercredi sur l’antenne d’Europe 1 le député La République En Marche Sacha Houlié annonçait que la notion de “pays tiers sûr” ne serait finalement pas dans la loi sur l’immigration, qui devrait être examinée par le Parlement en 2018.

Une notion stipulant qu’un migrant illégalement présent dans l’Hexagone ne soit pas renvoyé vers son pays d’origine, mais vers l’un de ceux dans lequel il a transité, si celui-ci est considéré comme “sûr”. Cette notion de “pays sûr” remet fondamentalement en cause le droit d’asile inscrit dans la Convention de Genève de 1951, indiquant que chaque demandeur peut solliciter une protection dans le pays qu’il a choisi. Une notion de “pays tiers sûr” également contraire au préambule de la Constitution française.

En attendant et contredisant les esprits chagrins l’au revoir aux migrants du CAO de Bayonne de la part de centaines de personnes en gare de cette ville témoigne d’une formidable solidarité et fait la nique aux discours d’exclusion. Discours qui trouvent leur source dans l’ignorance et la peur, car nous sommes tous et toutes de potentiels migrants et ce miroir tendu nous renvoie à une réalité que nous ne voulons pas voir.

A l’aube de cette nouvelle année souhaitons que l’espérance de paix portée par une grande partie des habitants de ce territoire se traduise par des actes concrets. Aujourd’hui mercredi 21 décembre se tiendra l’audience en appel de la cinquième demande de libération conditionnelle demandée par Ion Kepa Parot incarcéré depuis maintenant 28 ans (voir p. 3). Cette cinquième demande de liberté avait été acceptée par les juges mais le parquet avait fait appel. Les décisions à venir seront examinées à la loupe et gageons que le nouveau contexte avec le désarmement d’ETA le 8 avril dernier reconnu comme tel par le gouvernement français en place ouvre la porte à une normalisation de la situation des prisonniers, avec notamment la fin de la dispersion et la libération des détenus malades.

Le temps est venu de dépasser la haine et de prendre en compte toutes les souffrances engendrées par plus de cinquante années de conflit. On ne pourra faire l’économie de se pencher sur le passé et de dénoncer tous les abus des droits humains, d’où qu’ils viennent. C’est le sens du rapport officiel réalisé par l’Institut basque de criminologie sous l’égide du Gouvernement basque concernant l’utilisation de la torture en Pays Basque Sud entre 1960 et 2014.

Aucune sortie de conflit armé digne et efficace ne s’est réalisée dans le monde sans avoir recours à ces notions de reconnaissance. Convainquons ceux et celles qui souhaitent perpétuer la haine et le repli sur soi. Vigilance bienveillante donc à l’orée de cette année 2018.

Honi buruzko guztia: edito