Béatrice MOLLE-HARAN

Le temps des voies de la paix en marche inexorablement

“De l’importance du temps qui passe lorsqu’inévitablement nous pensons“ et maintenant que va t-il se passer ?”

Béatrice Molle-Haran. © DR
Béatrice Molle-Haran. © DR

Il y a quelques semaines les prévisions concernant la manifestation à Paris en faveur de l’arrêt des mesures d’exception envers les prisonniers basques allaient bon train. Il fallait au moins la présence de 4 000 personnes pour qu’elle puisse avoir un écho. Il y en a eu beaucoup plus, 11 000 selon les organisateurs, 6 800 selon la police. Incontestable succès et organisation parfaite grâce aux centaines de bénévoles oeuvrant dans l’ombre. Avec en supplément une atmosphère particulière mêlant la joie d’être ensemble et de participer à un acte fort.

“Le temps est venu d’instaurer les conditions d’une paix juste et durable” a déclaré en fin de manifestation la productrice Fabienne Servan-Schreiber.

De temps il fut beaucoup question. De temps et de rythme. Lent beaucoup trop lent pour le maire de Bayonne Jean-René Etchegaray dénonçant le manque de réaction et de mise en place d’actes concrets de la part des Etats français et espagnol depuis l’arrêt définitif de la lutte armée d’ETA en 2011.

De l’importance du temps qui passe lorsqu’inévitablement nous pensons “et maintenant que va t-il se passer ?” après cette démonstration d’une volonté commune et pacifique d’avancer. A cette question le président d’honneur de la Ligue des Droits de l’Homme Michel Tubiana, impliqué dans le désarmement, a répondu que ce n’était pas la bonne question, qu’il ne fallait pas se la poser mais continuer à faire en sorte qu’il se passe quelque chose. Ne rien lâcher et ne pas baisser la garde malgré quelques signes encourageants. C’est le sens aussi de la démarche initiée il y a plusieurs années par le maire d’Errenteria Julen Mendoza (EH Bildu) invitant toutes les forces politiques de sa ville et les familles de victimes des deux camps à se connaître, à discuter.

Démarche inédite en Pays Basque Sud tant les crispations et tensions sont exarcerbées. Une démarche renouvelée mardi dernier, tous les anciens maires socialistes et abertzale de la ville étaient présents pour rendre hommage lors d’un acte institutionnel à sept habitants de la ville qui sont décédés en 1977 lors d’une semaine pour l’amnistie. Tués par la police. Plusieurs autres furent blessés. Il y a quarante ans. Le maire de Errenteria a été brillament réélu en 2015, preuve s’il en est que sa démarche est comprise.

“Il est clair pour nous qu’il y aura dans nos prochains actes de ce type une absolue reconnaissance de toutes les victimes d’atteintes aux Droits de l’Homme” a martelé le maire. Pas de date précise mais là aussi une volonté de ne rien lâcher. Inédite aussi la reconnaissance par ETA de la souffrance causée à travers ses actions (p.12).

Jeter un pavé dans la mare, lancer un hordago, bousculer le temps et l’inertie, c’était le sens de l’action de Louhossoa le 16 décembre dernier, l’étincelle pour le désarmement du 8 avril 2016. Nous apprenons de la bouche d’un ancien ministre dans les bonnes feuilles du livre à paraître (P.4-5) Désarmement, la voie basque que cette action a rendu service à l’Etat français. Il y a un an.

Le temps s’écoule mais à l’échelle d’un conflit d’au moins 50 ans, les pas, si minimes soient-ils, réalisés vers la réconciliation et la construction de la paix sont précieux. Tout en étant conscients de l’urgence et du bien fondé de revendications basées sur la justice et la concorde.

Honi buruzko guztia: edito