Rébillard, Chloé

Madrid s’appuie sur la manifestation du No

La vice-présidente du gouvernement espagnol, Soraya Saénz, a fait un appel du pied auprès de Ciudadanos et du PSOE pour appliquer l’article 155 de la Constitution qui permet la suspension de l’autonomie catalane. 

Soraya Sáenz, vice-présidente du gouvernement espagnol, n'exclut aucune mesure si Carles Puigdemont proclamait l'indépendance de la Catalogne. (POOL MONCLOA)
Soraya Sáenz, vice-présidente du gouvernement espagnol, n'exclut aucune mesure si Carles Puigdemont proclamait l'indépendance de la Catalogne. (POOL MONCLOA)

La vice-présidente du gouvernement espagnol, membre du Parti populaire (PP), n’a écarté aucune mesure si la Catalogne proclamait son indépendance demain, mardi 10 octobre. Mais si l'exécutif devait recourir à l’article 155, décrit comme l’arme ultime de Madrid dans la crise qui oppose les indépendantistes catalans et le gouvernement espagnol, il chercherait l’appui de Ciudadanos et du Parti socialiste (PSOE).

Au lendemain de la manifestation qui a réuni entre 170 000 personnes (selon Naiz) et 900 000 selon les organisateurs dans les rues de Barcelone, pour s'opposer à l’indépendance catalane, la crise se poursuit. La démonstration d’hier avait pour objectif de montrer qu’une partie du peuple catalan s’opposait à la déclaration d’indépendance. Plusieurs milliers de personnes ont défilé dans les rues de Barcelone aux cris de "Puigdemont en prison" ou de "viva España". Lancé par la Société civile catalane (SCC), l’appel à manifester a été suivi par les dirigeants du PP, du PSOE et de Ciudadanos.

C’est sur cette manifestation, jugée réussie par les anti-indépendantistes, que s’appuie désormais Madrid pour tenter de montrer un gouvernement catalan isolé et extrémiste et essayer de faire oublier les images de violences qui ont émaillé la tenue du référendum sur l’auto-détermination du 1er octobre. Dans ce contexte, la prise de parole de la vice-présidente du gouvernement madrilène est révélatrice.

Carles Puigdemont "au bord de l'abîme"

Elle a affirmé que si demain le gouvernement catalan déclarait "unilatéralement l’indépendance", le gouvernement espagnol se réservait le droit de recourir "à toutes les mesures qui seront nécessaires" avec pour objectif de "restaurer la loi et la démocratie". Elle décrit Carles Puigdemont comme étant : "au bord de l’abîme". Dans le même temps, Madrid a changé de rhétorique auprès du peuple catalan. Le gouvernement espagnol se pose maintenant en défenseur des Catalans. Soraya Saénz a affirmé que les mesures qui seront prises face à une proclamation d’indépendance, le seront en essayant de faire "le moins de mal possible".

Un autre responsable du PP, Pablo Casado Blanco, a fait une déclaration qui a beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux : "Le 6 octobre dernier, c'était le 83ème anniversaire de la déclaration d’indépendance de la part de Companys. Je crois qu’il ne faut pas répéter l’histoire et nous espérons que demain rien ne soit proclamé parce que celui qui déclarerait l’indépendance pourrait terminer comme celui qui l’avait proclamé il y a 83 ans."

Pour rappel, Lluis Companys avait été fusillé par le régime franquiste en 1940. Ce qui a valu des demandes de précisions de la part des journalistes présents. Pablo Casado a donc clarifié qu'il faisait référence à l'arrestation et l'emprisonnement de L. Companys en 1934.

"Les Anciens" appellent au dialogue

Certaines entreprises, majoritairement des banques, auraient commencé à faire leurs cartons et à déménager leur siège social hors de la Catalogne. Les arguments des anti-indépendantistes reposent pour beaucoup sur la logique économique, arguments qui ont trouvé un écho dans la presse internationale ce lundi 9 octobre. A l’image de Bloomberg qui commence son article par la menace du gouvernement espagnol du risque de chaos économique en cas de déclaration d’indépendance.

"The Elders" (les anciens), un groupe de personnalités politiques internationales créé par Nelson Mandela, appellent quant à eux au dialogue. Kofi Annan ancien secrétaire général de l’Onu et membre de ce groupe a demandé à ce que "la crise constitutionnelle qui se déroule en Espagne [passe] par le dialogue, au lieu de la confrontation." Kofi Annan avait participé en 2011 à la conférence internationale de paix de Aiete, à Donostia.