Virginie BHAT

Tous les enfants ont les mêmes droits

C’est un refus net et clair que l’Education nationale oppose à Seaska. Elle n’autorise pas l’ouverture d’une unité d’Ulis dans son collège de Larceveau alors que déjà trois enfants sont dans l’attente de cet accueil à la rentrée prochaine. Les élus apportent leur soutien aux familles et à la fédération.

Mobilisation des élus auprès de SEASKA pour l'ouverture d'une unité Ulis. ©Iurre Bidegain
Mobilisation des élus auprès de SEASKA pour l'ouverture d'une unité Ulis. ©Iurre Bidegain

Dans le Pays Basque intérieur, trois familles regardent la prochaine rentrée scolaire avec appréhension. L’inspecteur d’académie vient de refuser l’ouverture d’une unité Ulis au collège de Seaska de Larceveau et leur a fait part de sa décision par écrit. Trois enfants, ce n’est pas assez d’élèves pour justifier une telle ouverture, avance-t-il.

Or, dans tout le Pays Basque intérieur, aucun des dix collèges de Basse Navarre et de Soule - ni public, ni privé - n'accueille d'unité Ulis. En septembre prochain, ces trois enfants de 6ème et de 5ème "sont donc condamnés à quitter leur camarades de classe, à abandonner la filière immersive qu’ils ont choisi et à plus d’une heure de trajet aller chaque matin, plus retour" relève Pascal Indo, président de Seaska. Des allers et venues qui s'ajoutent à ceux des soins que ces enfants doivent recevoir hors de l'école...

Encore faut-il qu'ailleurs ces unités Ulis - elles accueillent pas plus de dix élèves - ne soient pas saturées. Mais elles le sont aujourd'hui. Une saturation à laquelle l’éducation nationale ne propose pas d’alternative, dénonce Hur Garostiaga, directeur de Seaska. "il serait bien plus simple d’ouvrir une unité Ulis en pays Basque intérieur."

Pour la fédération, la décision de l’inspecteur d’académie est motivée par son refus de financer un poste d’enseignant nécessaire au fonctionnement particulier d’une unité Ulis. Qu’à cela ne tienne, Seaska, pour qui l’inclusion des enfants porteurs de handicap est une priorité, a proposé de le financer elle-même. Forte de sa proposition, la fédération a juste demandé une simple autorisation d’ouverture. Autorisation qui enclencherait le reste : AVS cofinancé par le Conseil départemental, possibilité d’affecter un enseignant titulaire, services de la MDPH…

Être traité comme les autres

"Alors que cela ne coûtera rien à l’Education nationale, elle nous oppose le fait que trois enfants ne seraient pas suffisants pour ouvrir une Ulis…", poursuit Paxkal Indo. Et de rappeller qu’il s’agit d’un collège rural et que les mêmes critères ne doivent pas s'appliquer sur la côte avec 90% de la population du Pays Basque et à l’intérieur (10%). Sans compter que, sur la côte basque, des unités Ulis ont déjà été ouvertes dans de telles conditions.

L'appel des familles et de Seaska a reçu le soutien de nombreux élus hier après-midi. "La loi oblige à recevoir tous les enfants mais on n’a jamais mis les moyens en face à la hauteur des besoins", regrette Alice Leiciagueçahar conseillère régionale EELV. "C’est d’autant plus incompréhensible que Seaska prend à sa charge le financement du poste. C’est un problème purement administratif qu’il faut absoluement dépasser." 

Tous les élus, les parents et Seaska l’affirment haut et fort : la scolarisation des enfants est un droit qui doit être respecté pour tous. "On demande que nos enfants différents soient traités comme les autres" défend une mère. "C’est aussi important pour eux d’être en situation ordinaire."

Reste à savoir si la mobilisation des élus - Jean-René Etchegaray, président de l’agglo Pays Basque et Jean-Jacques Lasserre, président du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, ont chacun de leur côté envoyé une missive à l’inspecteur d’académie en ce sens - incitera Pierre Barrière à réviser sa copie.

Une chose est sûre : au collège de Larceveau, l’équipe pédagogique est fin prête et motivée, souligne sa directrice. "Il faut que ces enfants continuent dans un collège classique avec d’autres élèves pour pouvoir avancer dans leur projet."

Les élus qui ont apporté leur soutien : Beñat Arrabit vice-président de la CAPB à la politique linguistique, maire d’Arrosa et candidat PNB, Anne Marie Bruthé conseillère départementale en charge du handicap et présidente de la MDPH, Frédérique Espagnac sénatrice, Marc Oxibar conseiller régional et candidat, Alice Leizagezahar conseillère régionale, Christine Erdozaintzi-Etchart maire d’Arantsusi et candidat PS, Anita Lopepe candidate EH Bai, Didier Irigoin Maire de Béguios et candidat aux élections législatives. On fait part de leur soutien même s’ils nont pas pu être présents hier : Jean Jacques Lasserre, Président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques et sénateur et Jean-René Etchegaray président de la CAPB et maire de Bayonne.