Goizeder TABERNA

Des grands abus aux petits services

“Ici le bruit de casseroles dérange ; l’ancienne députée Michèle Alliot-Marie en sait quelque chose” 

Dimanche, des milliers d’électeurs se rendront aux urnes au Pays Basque, d’autres s’en dispenseront. La campagne électorale a évolué en eaux troubles. Ou plutôt vaseuses. Les affaires rendues publiques par la presse ont perturbé le débat diront certains, mais en réalité une poignée de journalistes ont permis de mettre au grand jour le mode de fonctionnement d’hommes et de femmes politiques agissant dans les plus hautes strates du pouvoir. Ils ont aussi révélé que la corruption n’a pas de couleur. Rose, bleu, bleu marine… Le système politique est tel que des représentants des électeurs, des responsables politiques nommés pour qu’ils œuvrent dans l’intérêt collectif sont pris la main dans le sac. Les réactions et les mouvements qui ont suivi n’ont fait qu’épaissir la vase.

Au Pays Basque, les scandales du candidat Fillon ont déstabilisé les équilibres obtenus pour la primaire de la droite et du centre. Au point que des militants fidèles Les Républicains ont eu des moments d’hésitation. Pendant un laps de temps, le conseiller départemental Max Brisson et le maire luzien Peyuco Duhart ont pris leurs distances avec leur candidat avant de rentrer à nouveau dans les rangs. Sa collègue bayonnaise Sylvie Durruty candidate aux législatives puis suppléante aura du mal à faire croire que la situation de son parti n’a pas joué sur son désistement. D’autres, des centristes, s’étaient engagés pour Alain Juppé, ils n’ont pas hésité à soutenir Macron lorsque François Bayrou l’a rejoint. C’est le cas du maire de Biarritz Michel Veunac et du président du Conseil départemental Jean-Jacques Lasserre. Et il y a les silencieux. Ceux qui avaient mieux à faire lors de la venue de François Fillon à Anglet. L’UDI Jean-René Etchegaray en fait partie. Ici le bruit de casseroles dérange ; l’ancienne députée Michèle Alliot-Marie en sait quelque chose.

Pourtant, le Pays Basque n’est pas exempt de marécages. La fille d’un maire chargée d’un audit fructueux d’une entité qu’il préside ; ce même maire, dans un élan philanthropique, annulant des PV par milliers ; dans une autre commune labourdine de taille moyenne, des permis de construire accordés par dizaine sans tenir compte des lois en vigueur… Ces dossiers ne sont pas nouveaux et sont entre les mains des juges. En revanche, la note de service signée par le maire d’Anglet Claude Olive donnant la priorité aux candidats recommandés par ses soins rendue publique cette semaine par l’opposition angloye, elle, révèle une pratique s’apparentant à du clientélisme. La politique des petits services bien répandue dans nos terres.

Et en même temps, parmi ces maires certains font du zèle, scrutant le moindre signe d’infraction à la loi au point d’envoyer devant les tribunaux des administrés honnêtes. La maire d’Urrugne en est l’illustration. Elle a signalé au parquet de Bayonne le mariage entre deux personnes de nationalités différentes dont l’écart d’âge était important. Finalement, le juge du tribunal de Bayonne, a confirmé, sans équivoque, la sincérité de l’acte. Odile de Coral, elle, a dévoilé l’idée qu’elle se fait de la norme. Celle d’une société conservatrice, patriarcale et… vaseuse.

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