Bénédicte SAINT-ANDRÉ

8 avril : Iñigo Urkullu a un métro de retard

Derrière l'absence remarquée du Lehendakari samedi à Bayonne se cache là encore la bataille du récit. 

Iñigo Urkullu a inauguré la troisième rame du métro de Bilbo samedi matin. © ARGAZKI PRESS
Iñigo Urkullu a inauguré la troisième rame du métro de Bilbo samedi matin. © ARGAZKI PRESS

Acte manqué diraient les psychanalystes. Après moult tergiversations, Iñigo Urkullu aura finalement inauguré une ligne de métro à Bilbo, ce samedi 8 avril, au matin. Dès le départ, le chef de l'exécutif basque avait précisé ne pas participer à la "journée du désarmement d'ETA", la jugeant orchestrée par la gauche abertzale pour redorer son blason.

Mais sa présence et celle de son homologue navarraise Uxue Barkos, en amont, lors de la remise officielle du dossier de localisation des armes d'ETA, avaient été actées. D'autant que l'intervention d'Iñigo Urkullu a été décisive dans le processus, tous s'accordent à le dire. Décisive mais pas exclusive. Et son "protagonisme", pour reprendre un terme cher à la presse espagnole, aurait été trop malmené selon lui.

Jusqu'au bout, il a ainsi ferraillé pour donner à l'opération un ascendant institutionnel. Sans l'accord de Jean-René Etchegaray, il fait fuiter dans la presse la rencontre de mercredi 5 avril entre les trois institutions basques. "Il voulait réécrire l'histoire", indique une source proche des négociations. "Plus de société civile, plus d'artisans de la paix."

Uxue Barkos le suit 

La présence des 172 observateurs sur sites, pensée par les organisateurs pour apporter une caution populaire et sécuritaire à la journée aura été la goutte de trop. Il la jugera trop risquée sur le plan légal n'ayant en outre pas pu s'entretenir directement avec les autorités françaises sur ce point.

Il s'est donc contenté d'une déclaration à Donostia, en présence de Ram Manikkalingam, responsable de la Commission internationale de vérification, pour saluer le désarmement. Sans un mot pour les "artisans de la paix". Uxue Barkos l'a suivi, se fendant d'un communiqué bien loin de ses déclarations engagées d'il y a quelques semaines. L'homme-clé est Urkullu, dit-elle en creux.

Déjà en 2011, le Lehendakari socialiste Patxi Lopez était dans un train quand ETA annonçait la fin définitive de la lutte armée …