Caroline MALCZUK

Contre la famine, il est possible et temps d'agir

Vingt millions de personnes pourraient mourir de faim dans les six prochains mois. La famine menace le Nigeria, la Somalie, le Soudan du Sud et le Yémen. Face à l'urgence humanitaire, des ONG et les Nations Unies appellent à agir. Dons et bénévoles sont bienvenus.

Action contre la Faim agit déjà dans les pays menacés par la famine. © Guy Calaf pour Action contre la Faim – Sud-Soudan
Action contre la Faim agit déjà dans les pays menacés par la famine. © Guy Calaf pour Action contre la Faim – Sud-Soudan

Le Nigeria, la Somalie, le Soudan du Sud et le Yémen ont deux malheureuses actualités en commun : ils sont touchés par des conflits armés et leurs populations sont menacées par la famine. Les chiffres qui suivent sont difficiles à assimiler. Selon l’ONG Action contre la faim, 4,4 millions de personnes sont concernées au Nigeria, 4,9 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire de toute urgence au Soudan du Sud (soit 42% de la population), 360 000 enfants souffrent de malnutrition et la moitié de la population a besoin d’une assistance humanitaire en Somalie, et 14,1 millions personnes souffrent d’insécurité alimentaire au Yémen.

Il y a quelques jours, le 10 mars, le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, Stephen O’Brien, a plaidé la cause de ces pays devant le Conseil de sécurité. Il a annoncé que le monde faisait face à "la plus grande crise humanitaire depuis la création des Nations Unies" et affirmé : "C’est seulement une solution politique qui va mettre définitivement une fin à la souffrance humaine et amener la stabilité dans ces régions." Le 22 février, Action contre la faim avait déjà donné l’alerte. "Il est encore temps d’éviter le pire. Le soutien des bailleurs internationaux et du grand public ainsi que la mobilisation sur les crises en cours peuvent sauver des vies" a rappelé Véronique Andrieux, directrice générale d’ACF France.

Malnutrition des enfants

Dans les quatre pays touchés par cette crise humanitaire, les équipes d’Action contre la faim agissent déjà. La priorité de l’ONG étant la détection et la prise en charge de la malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans. Au Soudan du Sud, un pays où l’ONG est présent depuis 1985, « on intervient au niveau de la nutrition, on intervient sur l’accès à l’eau, la réparation des points d’eau » explique Philippe Nicolas, représentant d’Action contre la faim au Pays Basque. Au Nigéria, l’organisation maintient la pression sur le gouvernement nigérien afin qu’il sécurise et ainsi garantisse l’accès à l’aide humanitaire. Le problème de sécurité est le même au Yémen. "On demande régulièrement d’avoir un accès humanitaire pour pouvoir secourir la population."

Les situations particulières de chacun de ces pays ne facilitent pas la tâche des humanitaires, parfois pris pour cible. Au Nigéria, les actes terroristes du groupe Boko Haram et son conflit avec les forces du pouvoir ont eu pour conséquence de grands mouvements de déplacement de la population ; au Soudan du Sud, c’est la guerre civile qui a provoqué le déplacement de millions de personnes depuis 2013 ; en Somalie, en plus de la guerre civile, les populations font face à une importante sécheresse ; le Yemen est en proie aux bombardements aériens et aux combats entre milices yéménites depuis 2015 avec l’offensive de la coalition de pays arabes, menée par l’Arabie saoudite, contre les Houthis.

Eviter la catastrophe

Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, a lancé un appel fin février : "La situation est critique. C’est le moment où le droit international humanitaire doit être respecté par tous et l’accès doit être accordé dans toutes les zones." L’ONU demande 4,4 milliards de dollars de financements d’urgence d’ici fin mars afin d'éviter "une catastrophe". Il n'en dispose que de 90 millions aujourd'hui. Antonio Guterres veut alors rappeler : "La vie de millions de personnes dépend de notre capacité à agir. Dans notre monde d’abondance, il n’y a pas d’excuse pour l’inaction ou l’indifférence. Nous avons entendu les alertes, il n’y a pas de temps à perdre."

Dans l’immédiat, le besoin financier est donc énorme pour les ONG. Une première action citoyenne possible est de faire un don à une association qui agit sur place, comme Action contre la faim ou Médecins du monde. Il est aussi possible de rejoindre les rangs de ces ONG. La délégation du Pays Basque d’Action contre la faim recherche des volontaires pour ses missions de sensibilisation du grand public et de collecte de fonds. "On a besoin de bénévoles" soutient Philippe Nicolas. En parler autour de soi, faire le relais de cette cause, peut aussi faire bouger les choses. Car jusqu'ici l'écho dans les médias de cette crise humanitaire est loin d'être à la mesure de sa gravité.


Faire un don : actioncontrelafaim.org, medecinsdumonde.org (campagne pour le Yemen).

Rejoindre les équipes d’Action contre la faim : contacter Philippe Nicolas, délégué Pays Basque, au 06.25.30.53.90 ou à pays-basque@actioncontrelafaim.org. Page Facebook ici.