Bénédicte Saint-André

Louhossoa : cinq personnes en garde à vue

Alors que les Etats français et espagnol évoquent cinq "individus en relation avec l’organisation terroriste ETA", ils sont en réalité des représentants de la société civile basque engagés en faveur de la paix. 

La maison à Louhossoa ce samedi 17 décembre au matin © Bob Edme
La maison à Louhossoa ce samedi 17 décembre au matin © Bob Edme

"Cinq personnes sont actuellement en garde à vue à la police judiciaire de Bayonne", indique le parquet antiterroriste de Paris à MEDIABASK. Elles ont été interpellées cette nuit dans une maison de Louhossoa. D'après nos informations, il s'agit de Jean-Noël Etcheverry de Bizi !, Michel Berhocoirigoin, ancien président de EHLG, Michel Bergougnian, coopérateur viticole dans l’appellation basque Irouléguy, de Béatrice Molle-Haran, propriétaire de la demeure et journaliste chez nous à MEDIABASK et Stéphane Etchegaray dit "Etxe", professionnel de l'audiovisuel chargé de filmer la destruction d'armes. 

"Il s'agit d'une opération anti-terroriste menée conjointement par les polices française et espagnole*", précise le parquet. Et dès l'opération lancée, le ministère de l'Intérieur espagnol a annoncé un "coup porté à l’arsenal de la bande terroriste ETA en France", indiquant une importante saisie d'armes et d'explosifs. Le nouveau ministre de l'Intérieur français Bruno Le Roux rappelait la "détermination absolue de la France à lutter contre le terrorisme, sous toutes ses formes" et félicitait les corps de police pour "l'interpellation de cinq individus en relation avec l’organisation terroriste ETA". 

Une version reprise par la presse de manière quasi-unanime avant un rétropédalage en règle. Elle est en effet entièrement en désaccord avec les courriers envoyés à MEDIABASK par les intéressés et aujourd'hui confirmés par Michel Tubiana, le président d'Honneur de la Ligue des droits de l'Homme, qui aurait dû être présent et n'a finalement pu se rendre sur place.

Opération policière politique

"Il faut rétablir la vérité", assène-t-il. Tous trois affirment n'avoir "aucun lien ni subordination avec ETA". En tant que "membres de la société civile" , ils ont souhaité procéder à "une première destruction d’armes" pour ralancer le processus de paix. Ils justifient leur action par leur volonté de "contribuer à un avenir sans violence et démocratique pour le Pays Basque". "Nous ne nous sommes pas cachés, nos intentions étaient claires dès le départ", appuie Michel Tubiana.

Dans un courrier d'ETA également rendu public par ces trois personnes, l'organisation se dit prête à "procéder à la mise hors d'usage de ses armes et à la destruction de son arsenal par le biais de la société́ civile et en collaboration avec les acteurs internationaux, sans écarter la possibilité́ d'une participation des Etats garante d'une plus grande sécurité́ de cette procédure".

Le dernier paragraphe 

Le dernier paragraphe de la presse française, immuable depuis 2011 pour chaque article concernant ETA est resté présent tout au long de la nuit. Il indique qu'"en octobre 2011, ETA a renoncé définitivement à la violence, mais elle n'a pas depuis remis ses armes et refuse de se dissoudre". Au petit matin, il a disparu de certains "grands" quotidiens de l'Hexagone (Le Monde et Libération). 

DGSI, SDAT, DIPJ de Bordeaux.