Bénédicte Saint-André

Sudmine vs Stopmines EH

Alors que Sudmine poursuit une communication très policée sur son projet minier, Stopmines EH entend bien démontrer que la recherche d'or a bel et bien du plomb dans l'aile au Pays Basque.

Vue panoramique des aurières d’Ursumu entre Itxassou et Espelette. Les traces de chantiers sont les ravins en forêt. © A. Beyrie
Vue panoramique des aurières d’Ursumu entre Itxassou et Espelette. Les traces de chantiers sont les ravins en forêt. © A. Beyrie

Le communiqué signé Sudmine date du 27 mars dernier et s'intitule : "Kanbo : l'or du pays". De l'art de faire prendre des vessies pour des lanternes selon l'association Stopmines EH. Thierry Michel, son président, confie même s'y être repris à deux fois dans sa lecture tant les éléments de langage utilisés, "circuits courts", "activité nouvelle et durable", "sous-traitance locale", pourraient laisser croire à une alternative écolo.

Dans le document, en effet, Sudmine propose de "bouleverser, voire de révolutionner les codes habituels de l'activité minière, de la faire entrer dans le 21e siècle en prenant comme préoccupations de base autant l'environnement, le patrimoine, le développement local et le partage". Et liste en ce sens un certain nombre d'engagements.

Parmi eux, certains sont des obligations légales pointe l'association, d'autres ne seraient ni plus ni moins que de fausses promesses au vu de la demande de PER (permis exclusif de recherche) déposée par l'entreprise. Sudmine affirme dans son communiqué ne pas rechercher un gisement primaire où l'or serait combiné à d'autres métaux. Pourtant, cette mention n'apparaît pas dans sa demande, seule pièce officielle et dans laquelle Sudmine prévoit, à l'issue de la durée des trois ans du PER, une possibilité de renouvellement et d'extension pour "se focaliser sur l'or primaire".

Devant ce qu'elle qualifie une "insincérité de départ", Stopmines EH, qui compte désormais une centaine d'adhérents, s'érige en opposition citoyenne. Début mai, l'association tiendra une réunion d'information à Saint-Pée-sur-Nivelle. Une réunion similaire  à Cambo en février dernier avait réuni plus de 140 personnes. Le 27 mai, elle présentera les risques du projet à l'Atalante en préambule du documentaire "L'intérêt général et moi". Un stand est également prévu à la Course des Crêtes les 1 et 2 juillet prochains.

Dossier sensible

Côté élus, alors que les onze villes impactées y sont défavorables, la communauté de communes d'Errobi a voté à l'unanimité une motion contre le projet ce mercredi 12 avril. Et bien que le ministre de l'Economie Emmanuel Macron plaide pour la réouverture des mines en métropole et outre-mer, la demande intervient au Pays Basque sur un territoire AOP (appellation d'origine protégée) et le ministère de l'Agriculture a d'ores et déjà donné un avis négatif. "Ici, ça ne passera pas, les gens sont trop attachés à protéger leurs terres", défend Thierry Michel.

Le dossier est d'autant plus sensible que la décision, incombant à Bercy, devrait être rendue aux alentours d'avril 2017 en pleine élection présidentielle, et alors que le gouvernement a engagé une réforme du code minier depuis 2012 dont il ne parvient toujours pas à s'extraire.