Julia Toyos et Justine Giraudel

Rencontre sur les Docks, une escapade basque du Moyen-Orient au Burkina Faso

A Bayonne, L’Atalante et l’Autre Cinéma accueillent la douzième édition du festival "Rencontres sur les Docks" du 16 au 19 mars.

"Je suis le peuple", réalisé par Anna Roussillon. © D.R
"Je suis le peuple", réalisé par Anna Roussillon. © D.R

Le festival Rencontres sur les Docks débute mercredi 16 mars au cinéma l'Atalante de Bayonne. Cette année, l'événement propose un "contrechamp" aux révolutions arabes et rend hommage au héros burkinabè Thomas Sankara.

A travers les projections documentaires ou cinématographiques, le cinéma l’Atalante souhaite montrer une réalité plus "humaine" du printemps arabe et de ses conséquences actuelles, à rebours de l’avalanche des images véhiculées par les télévisions occidentales, "fantasmes de la guerre en direct". Pour l'organisateur Jean-Pierre Saint-Picq, président de l'association Cinéma&Culture, l'enjeu du festival est de montrer "le visage du peuple" lors de ces conflits, "la vie de tous les jours et ses lieux familiers".

Homeland: Irak, année zéro, Abbas Fadhel-Daney

En ce sens, les films documentaires "Homeland: Irak, année zéro" d'Abbas Fadhel-Daney et "Je suis le peuple" d'Anna Roussillon suivent respectivement le quotidien des enfants du peuple irakien et des paysans égyptiens aux lendemains des soulèvements de la place Tahrir.

Je suis le peuple, Anna Roussillon.

Mais les "rencontres" ne seront pas uniquement cinématographiques : quinze réalisateurs, acteurs et personnalités se succèderont durant le festival et plusieurs concerts sont programmés "rapprochant les univers artistiques et mêlant les arts". Du Moyen Orient à l’Afrique de l’Ouest en passant par le Pays Basque (voir articles associés).

Thomas Sankara: un héros de Ouagadougou à Bayonne

Inutile de chuinter le "s" ou de rouler le "r", en sirotant un verre en terrasse sur les bords de la Nive : non, Sankara ne signifie rien en langue basque. Le bistrot bayonnais rend hommage à son héros éponyme, le capitaine Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 1987 au cours de sa quatrième année à la tête du gouvernement du Burkina Faso.

Incarnation de la révolution burkinabè, arrivé au pouvoir en 1983, cet anti-impérialiste et panafricaniste est à l'origine de l'avènement "du pays des hommes intègres", le Burkina Faso en langues moré et dioula, auparavant baptisé "Haute-Volta" par les colons.

Les organisateurs du festival ont souhaité rendre hommage à celui qui a proposé "un modèle de gouvernance singulier et généreux, précurseur en tout point du mouvement altermondialiste et payant de sa vie cet engagement. C’est aussi sous la bannière du sankarisme, il y a un peu plus d’un an, qu’un mouvement citoyen exemplaire a balayé du pouvoir le président du Burkina Faso qui y régnait en toute démocratie depuis 22 ans", rappellent-ils.

Marraine du parti, la veuve du capitaine, Mariam Sankara, sera présente au Pays Basque Nord à l'occasion de la diffusion du documentaire du Suisse Christophe Cupelin, vendredi 18 mars à 21h. Le 19 mars à midi, elle viendra officiellement inaugurer le bar qui porte le nom de son défunt époux, une décennie après son ouverture.

L'occasion de rencontrer une femme aux nombreux combats, dont "la poursuite des assassins de son mari dans l'entourage de l'ancien président Blaise Compaoré. Un combat juridique qui se heurte à la réalité des pouvoirs africains et de la françafrique". Reflet de l'aura du héros, elle avait été accueillie par des mouvements de liesse générale lors de son retour au Burkina en 2007, après vingt ans d'exil.

Capitaine Thomas Sankara – Suisse – 1h34
Réalisé par C. Cupelin

Le film dévoile le destin unique du président du Burkina Faso, de son élection à son assassinat. Révolutionnaire, féministe et écologiste, Thomas Sankara a transformé l'un des pays les plus pauvres du monde en défendant la voix des exclus jusqu'à la tribune de l'ONU pour réclamer l'annulation de la dette africaine. Ces archives étonnantes redonnent la parole à ce leader charismatique qui a marqué les consciences bien au-delà de l'Afrique.