Argitxu Dufau

Deiadar : des élus du Pays Basque engagés

Parmi les manifestants, des dizaines d'élus du Pays Basque ont répondu présent à l'appel d'Euskal Konfederazioa, samedi 24 octobre, à Bayonne. Tous sont favorables à la co-officialisation de l'euskara et à une Communauté Pays Basque unique. Ils lancent un appel aux autres élus pour les décisions à venir.

Les élus de partis différents ont défilé. © Argitxu Dufau
Les élus de partis différents ont défilé. © Argitxu Dufau

Ils étaient entre 3 000 et 5 000 à défiler dans les rues de Bayonne pour demander une Communauté Pays Basque unique et la co-officialisation de la langue basque. La manifestation Deiadar s'est lancée à 17 heures de l'esplanade Roland Barthes avec en tête de cortège les différents acteurs d'Euskal Konfederazioa, dont des représentants d'Euskal Haziak, Biga bai, Seaska, Bertsularien Lagunak… Plus loin dans le cortège, des élus du Pays Basque étaient aussi mobilisés.

"On nous a promis un statut pour la langue basque mais elle n'en a toujours pas. Nous sommes là pour rappeler une revendication très ancienne et l'incapacité de nos dirigeants, quels qu'ils soient, de satisfaire cette demande", a déclaré Jean-René Etchegaray (UDI), président de l'Agglomération Côte Basque Adour et du Conseil des élus du Pays Basque. Pour lui, "si on considère que les langues régionales font partie du patrimoine de la nation, il faut donner les moyens à ce patrimoine de pouvoir subsister".

La députée socialiste, Colette Capdevielle souhaite la co-officialisation de la langue basque mais considère que "nous n'en sommes pas encore là car c'est un débat compliqué et le Sénat risque de ne pas voter la Charte européenne des langues régionales". Pour elle, cette manifestation est "importante" car elle concerne aussi l'avenir du territoire : "un travail de réflexion extraordinaire a eu lieu. Il est né d'une fracture et d'une absence de reconnaissance, le territoire a une envie de s'organiser par lui-même. Aujourd'hui, nous sommes à un moment de rendez-vous".

Sylviane Alaux, également députée socialiste, rappelle qu'elle "n'a raté aucun de ces combats" [département Pays Basque, Collectivité territoriale Pays Basque à statut particulier, ndlr.] : "à notre demande de collectivité, l’État a répondu. Ce n'est pas la réponse que nous attendions mais c'est une réponse qui ne nous fait pas reculer, au contraire, il nous fait faire un saut qualitatif. Cela apportera des réponses aux attentes de certains et rassurera d'autres puisque c'est dans le cadre d'une loi de la République et très positif pour le territoire".

"Des efforts très importants ont été faits pour que la langue basque ait droit de cité, dans l'enseignement et dans la vie publique mais, malgré tout, elle n'a pas de statut officiel donc on ne peut pas conforter ces moyens. Il est nécessaire de ratifier la charte", souligne Alain Iriart, maire abertzale de Saint-Pierre-d'Irube et conseiller départemental. Selon lui, la compétence de la langue basque pourrait "se loger" dans une Communauté Pays Basque : "des politiques importantes pourraient aussi être mises en œuvre au niveau du logement, de la mobilité, de l'économie...". Il rappelle que "la balle est dans le camp des élus et de la société civile".

Peser dans la future macro-région

Filipe Aramendi, élu abertzale d'Urrugne considère que ce statut pour le territoire pourrait être "une première étape importante car ce serait la première fois qu'une institution épouse les limites d'Iparralde" : "si nous voulons avoir une chance de peser dans la future macro-région, il est d'une importance fondamentale que l'Iparralde ait son institution, les élus doivent s'impliquer”.

Euskal Konfederazioa a d'ailleurs appelé les manifestants à encourager leurs élus à voter en faveur de la Communauté Pays Basque. Ils ont distribué des cartes postales ”BAI !” (oui, basque) à envoyer à l'élu de leur choix pour qu'il vote "oui" au printemps prochain.

D'autres élus étaient présents, comme la sénatrice socialiste Frédérique Espagnac, la conseillère régionale Europe Ecologie Les Verts Alice Leyciagueçahar, le conseiller regional Mathieu Bergé, la candidate socialiste aux régionales Emilie Dutoya ainsi que des maires et conseillers municipaux du Pays Basque Nord. Les représentants syndicaux grossissaient également les rangs du cortège.