Kattin Chilibolost

Les agriculteurs pour un prix juste

Il y a deux jours, des agriculteurs du Pays Basque et du Béarn se sont mobilisés devant des laiteries pour dénoncer le prix dérisoire du lait et de la viande. Les manifestants pensent accentuer leurs protestations dans les jours qui viennent.

Les producteurs de lait du Pays-Basque manifestaient à Bayonne le 5 octobre 2009. La FDSEA a d'autre part rappelé que le problème actuel avait déjà surgi il y a deux ans. © Gaizka Iroz
Les producteurs de lait du Pays-Basque manifestaient à Bayonne le 5 octobre 2009. La FDSEA a d'autre part rappelé que le problème actuel avait déjà surgi il y a deux ans. © Gaizka Iroz

Le 21 juillet, environ 300 agriculteurs ont manifesté devant les fromageries de Sodial, des Chaumes, à Lons et à Jurançon (Béarn). Les manifestants exposaient leur colère due au prix dérisoire du lait et de la viande et exigent un prix juste. Selon le mot d'ordre des syndicalistes, il semblerait que les mobilisations s'accentueront les jours prochains.

Les syndicats de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs sont en tête de la mobilisation, mais la Confédération Paysanne a aussi décidé de soutenir le cri d'alarme des agriculteurs surendettés et sous-payés. "C'est la colère des producteurs de base qui surgit là encore, colère qu'on ne peut qu'entendre" dit Mikel Iribarren, co-président de la Confédération Paysanne.

"Aujourd'hui, l'agriculteur emprunte pour pouvoir payer des charges". François Lavigne, président de la filière lait de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants (FDSEA) et habitant à Urcuit, dénonce un prix dérisoire du lait qui ne permet pas à l'agriculteur de mener une vie digne et dénonce d'autre part "un attentisme extraordinaire" de la part de l'Etat.

Négociations sur un même rapport de force

Les agriculteurs demandent à ce que le lait leur soit acheté à un prix plus élevé, au prix de revient. Ils exigent que les négociations soient établies de façon plus équilibrée, basées sur un même rapport de force entre les différents acteurs concernés. Par leurs mobilisations, ils souhaitent interpeller et faire réagir les trois acteurs responsables, selon eux, de la problématique : le transformateur ou industriel, le distributeur et l'Etat. Ils attendent de ce dernier qu'il pose les critères et les bases de la concertation.

Le ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll a proposé de venir en aide aux agriculteurs avec une aide de 600 millions d'euros. F. Lavigne de la FDSEA y voit "des plans d'urgence qu'ils ressortent à chaque fois qu'il y a une crise, mais qui ne touche pas le problème de fond". Mikel Iribarren, co-président de la Confédération paysanne, discrédite également ces mesures d'urgence qui, "au contraire, enfonceront encore plus les paysans". Selon lui, des 600 millions d'euros promis, 500 millions serviront de caution pour des prêts bancaires. Les deux syndicalistes remarquent également que les aides ne seront pas distribuées de façon équitable à  tous les producteurs.

Les contradictions du système

"[Pour] continuer à vivre, il faut produire à des prix plus bas", serait la consigne officielle adressée aux producteurs. Ceux-ci dénoncent la contradiction du système, insoutenable pour eux. Face à ce modèle, Mikel Iribarren revendique une agriculture faisant fi de la course à la concurrence, plus localisée et raisonnée.

Pour François Lavigne de la FDSEA, chaque agriculteur a en moyenne une dette de 50 000 euros envers ses fournisseurs. Et cette année, les aides de la Politique Agricole Commune ne seront attribuées que partiellement aux agriculteurs, à hauteur de 30 à 50% de ce qu'ils pourraient percevoir en totalité. "Pour le reste manquant des aides, on n'en sait rien, nous savons seulement qu'elles seront attribuées en fonction de contrôles de conformité aux règlements, contrôles qui pourront exclure certains bénéficiaires." François Lavigne insiste : "la fin d'année va être très difficile et pleine d'incertitudes."