Goizeder TABERNA
Elkarrizketa
Il Muro del Canto
Groupe de musique romain

"Nous nous moquons des tragédies"

Venu de Rome, Il Muro del Canto a amené au festival EHZ ses histoires d'amour et de couteaux. Des histoires anciennes, traditionnelles, mêlées à des sujets contemporains, servies dans un folk rock triste et festif à la fois. Une musique qui se prêtait au cadre du château de Garroa.

Les musiciens de Il Muro del Canto reprennent les histoires traditionnelles de Rome. © Bob EDME
Les musiciens de Il Muro del Canto reprennent les histoires traditionnelles de Rome. © Bob EDME

Créé en 2010 ce quintette chante en romain. Il est composé d'Eric Caldironi (guitare accoustique), Alessandro Pieravanti (percussions, compositeur), Giancarlo Barbati (guitare électrique), Ludovico Lamarra (basse, compositeur), Daniele Coccia (voix). Pour leur première expérience à l'étranger, ils se disent contents de commencer par le Pays Basque, "un pays qui a une tradition, une langue, des revendications". Giancarlo Barbati a répondu aux question de MEDIABASK au nom du groupe.

Vous venez d'Italie et vous parlez le romain…

Giancarlo Barbati : Le romain n’est pas une langue, c’est un dialecte. Si on parle en romain avec quelqu’un qui vient d’un autre endroit d’Italie, on le comprend très bien. Le vrai romain s’est perdu au XIXe siècle. Aujourd’hui, c’est un dialecte compréhensible par les autres. Le romain, c’est plus une attitude. Il est très répandu dans la société.

Notre particularité est plutôt le fait que nous parlons d’histoires typiques de Rome que nous entendons dans la vie de tous les jours, au travail, dans nos études, en famille. Nous nous inspirons, par exemple, d’histoires d’amour, de jalousie et de couteaux. Le thème de l’Eglise est aussi un élément important de la chanson populaire de Rome. Ces histoires font partie de la culture ancienne romaine.

Pourquoi les avoir reprises ?

G.B : Le groupe est né avec une chanson écrite par Daniele en romain. C’est à ce moment-là que nous avons compris que cela nous permettait de mieux transmettre les sentiments, notre histoire… nous avons l’impression de parler de façon plus directe avec notre public. Les histoires que nous reprenons font partie de notre culture.

C’est une culture, à travers la poésie, la littérature, à la fois triste et ironique. Nous nous moquons des tragédies. Nous avons une façon de voir la vie cynique.

Mais les thèmes que vous traitez dans vos chanson sont d’actualité ?

G.B : Nous prenons des histoires anciennes que nous mêlons à des sujets d’actualité. Nous chantons aussi sur des thèmes politiques et sociaux de notre ville, qu’il s’agisse d’espaces occupés, de lac à défendre… Dans le cas du lac, notre chanson a eu un rôle important dans le dénouement heureux du conflit. Nous avons aussi écrit une chanson contre les abus commis par la police.

Est-ce qu’il y a d’autres groupes qui sont dans la même démarche que vous ?

G.B : Il existe une scène de ce type musique à Rome, mais il s’agit de quatre, cinq… six groupes. Il y a dix ans, le groupe Ardecore a fait un disque uniquement avec d’anciennes chansons populaires jouées avec des instruments contemporains. Mais nous sommes le premier groupe, à Rome, à chanter en romain sur de la création.

Jouez-vous une musique revendicative ?

G.B : Non, nous avons la volonté de raconter une Rome qui existe seulement dans un imaginaire. C’est une façon de ne pas perdre notre identité, de ne pas perdre toutes ces histoires que nous avons entendues lorsque nous étions enfants. Nous jouons la musique du peuple. Nous ne sommes pas dans une démarche d’intellectuel, comme peut l’être la chanson d’auteur à Rome.