Patxi VRIGNON

Scissions parmi les élus

“Les clubs sont seuls souverains”. C’est avec ces mots que le maire de Biarritz, Michel Veunac, a conclu le onzième point de l’ordre du jour du Conseil Municipal du mercredi 17 juin dernier. Très attendu, il portait sur le versement anticipé d’1,5 millions d’euros au Biarritz Olympique. Il a été adopté avec 27 voix pour, 7 contre et 1 abstention.

Le contrat emphytéotique de participation aux travaux de rénovation de la tribune Kampf qui lie la municipalité aux rouges et blancs depuis 2005 prévoit le paiement de 300 000 euros par an jusqu’en 2020. Le versement des 1,5 million d’euros, qui correspondrait aux cinq annuités restantes, sera donc effectué en une seule fois. Et ce, quel que soit l’avenir du Biarritz Olympique Pays Basque.

Pourtant, Guillaume Barucq, élu de l’opposition, estime que la municipalité n’a pas à faire un geste envers le Biarritz Olympique en ces temps de rigueur budgétaire. “Avec une équipe fusionnée, on est à l’échelle supra-municipale, celle de l’Agglomération”. Lui n’était pas favorable à la fusion : “je préfère voir nos deux équipes en Pro D2 l’année prochaine, même si elles se battent pour le maintien”. L’élu biarrot demande plus de temps. “Dans ce projet, on a complètement éludé la question de la langue basque et de l’intégration des jeunes formés localement. Je ne veux pas d’une équipe de mercenaires avec juste un pompon basque. Sinon, il n’y aura aucune authenticité, et aucun public”. Pour Guillaume Barucq, l’idéal serait d’imiter le modèle de l’Athletic Bilbao au football, composé quasi-exclusivement de joueurs locaux : “avec des joueurs de l’Agglo, mais aussi du Pays Basque, de l’autre côté, et même des Landes”.

Même constat du côté de la liste “Bayonne, ville ouverte”, emmenée par Henri Etcheto. La municipalité aide l’Aviron Bayonnais à hauteur de 860 000 euros par saison. Un communiqué de presse publié le 4 juin dernier déclarait que “les élus du groupe 'Bayonne Ville Ouverte' s’opposeront fermement à cette entreprise de spoliation des intérêts bayonnais”. Sophie Herrera, membre de cette liste à la Commission Sports pour tous et loisirs, souhaite elle aussi calquer le projet sur les structures existantes pour le football au Pays Basque Sud. Étant également membre des socios de l’Aviron Bayonnais et enseignante en Master Management du Sport, elle nuance sa position : “on ne [pouvait] pas se prononcer sur un projet virtuel. Les dirigeants des deux clubs ne nous [avaient] pas contactés. Nous regrettons d’avoir eu connaissance du projet par la presse”. Elle dénonce l’hermétisme des négociations et souhaiterait davantage soutenir le sport amateur : “ici, le rugby professionnel a été fondé sur les valeurs des bénévoles il y a 110 ans. J’ai l’impression qu’ils font du 'Euskadi washing' : ils apposent une étiquette basque pour faire adhérer les gens au projet. Mais ça ne marche pas”.