Justine Giraudel

Le festival EHZ traverse le temps

Euskal Herria Zuzenean fêtera cet été son vingtième anniversaire, dans la commune de Mendionde. Solidaire et alternatif, il est le fruit du travail de plusieurs générations d'organisateurs et de bénévoles.

Lof et Txetx ont rappelé le contexte de la création du festival emblématique du Pays Basque. © Isabelle MIQUELESTORENA
Lof et Txetx ont rappelé le contexte de la création du festival emblématique du Pays Basque. © Isabelle MIQUELESTORENA

Peu nombreux sont ceux qui ne connaissent pas Euskal Herria Zuzenean. Le festival soufflera ses vingt bougies du 3 au 5 juillet prochains à Mendionde. Se revendiquant alternatif et solidaire, cet évènement emblématique du Pays Basque a su traverser le temps et a fait le choix de se différencier pour son édition 2015 en proposant une programmation éclectique, en grande partie basée sur la découverte. Une dynamique portée par plusieurs générations d'organisateurs.

Lundi 27 avril, ancienne et nouvelle génération d'organisateurs se sont retrouvées pour présenter le programme de la vingtième édition. Comme l'a rappelé Lof (un des pionniers d'EHZ), à ses débuts le festival se voulait être un outil pour la création d'alternatives en faveur de la jeunesse du Pays Basque. Il reposait sur l'engagement de ses organisateurs et de ses bénévoles, une démarche aujourd'hui toujours d'actualité.

Les écrits de l'époque font eux aussi échos aux revendications portées à ce jour par la nouvelle génération, dans une société où "tout s'achète et tout se vend, tout à tendance à se calculer au profit" : "les démarches comme le festival ralentissent ces processus qui atomisent les gens". Txetx, à l'origine du mouvement Alternatiba, faisait lui aussi partie des premiers organisateurs d'EHZ et en a rappelé le projet politique : l'affirmation de l'identité, le rapprochement des peuples et la nécessité d'ouvrir de nouvelles perspectives face à l'individualisme.

Façonner le Pays Basque des années à venir

En vingt ans, la réalité du Pays Basque aurait évolué mais la défense de sa culture, "de sa manière de vivre", resterait nécessaire. Les deux "anciens" ont remercié "la relève" de continuer à penser à eux, et ont souligné qu'organisateurs et bénévoles façonnent le Pays Basque des vingt prochaines années. C'est pourquoi ils appellent le public à se déplacer massivement sur cet évènement.

Pauline Guelle, présidente d'EHZ, et Amaia Boloquy ont toutes deux défendu cette édition dont l'objectif est de s'éloigner de la concurrence, afin de permettre au public de découvrir différents univers artistiques. Elles souhaitent faire du festival un espace de débat, de rencontres et de dialogue entre public et artistes, loin du lieu de consommation passive. En prônant une programmation qualitative et originale, les organisateurs proposent un modèle alternatif à l'écart (aussi bien géographiquement qu'idéologiquement) des propositions estivales de la côte.

"Cette année, venez prendre une claque à EHZ !" lance la présidente, en clin d'oeil à la campagne de communication. Dans une période où près de cent festivals ont été annulés sur l'ensemble de l'Hexagone, où ceux qui perdurent s'arrachent les têtes d'affiches, EHZ s'est recentré sur ses objectifs originels et propose une programmation éclectique "qui fait sens", se ré-appropriant les bases d'un projet artistique pluridisciplinaire toujours d'actualité, vingt ans après.