Justine Giraudel
Elkarrizketa
Ramuntxo Bidart
Membre de Basaizea

Un nouvel air souffle sur Nafarroaren Eguna

Depuis 1979, Kulturaldia propose une programmation plurielle en langue basque sur la commune de Baïgorry. Cette année, elle se déroulera les 19 et 25 avril prochains. L'objectif de départ était de combler un manque en matière de création : aujourd'hui, la programmation s'est étoffée et continue à défendre la place de la culture basque sur le territoire. Elle s'achève par le quasi institutionnel Nafarroaren Eguna, le 26 avril pour l'édition 2015.

Ramuntxo Bidart et Maialen Galleras font partie de la "relève" de Basaizea, et organisent leur quatrième édition de Baigorriko Kulturaldia. © Basaizea
Ramuntxo Bidart et Maialen Galleras font partie de la "relève" de Basaizea, et organisent leur quatrième édition de Baigorriko Kulturaldia. © Basaizea

Membre de l'association Basaizea, Ramuntxo Bidart explique comment la jeune génération a pu prendre la relève et tente d'insuffler un nouveau souffle à cet évènement, tout en préservant l'essentiel : la revendication festive de l'unité du Pays Basque.

Quel est le message que vous souhaitez véhiculer avec Nafarroaren Eguna et quels seront les temps forts de Baigorriko Kulturaldia ?

La Navarre est la seule province située des deux côtés de la "frontière". Notre objectif est de faire se croiser les Navarrais, mais aussi tous les Basques. Porter la revendication de l'unité de la Navarre et du Pays Basque, et la fêter dans la bonne humeur.

Au niveau de la programmation, je mettrais en avant la création originale dont nous sommes producteurs : "Guk ta Guk-tarrak". Nous avons voulu revisiter des chansons du groupe Guk, culte pour la génération précédente, et que nous connaissons tous, ici. Nous les avons retravaillé en rencontrant des compositeurs et des chanteurs. Nous avons aussi choisi de programmer Ruper Ordorika, en acoustique, dans un lieu atypique : la poterie Goicoechea, à Ossès. Il souhaitait se produire à l'intérieur du Pays Basque, ce qui est plutôt rare, et le lieu l'a charmé.

Quelles sont les nouveautés de l'édition 2015 ?

Ces dernières années, Baigorriko Kulturaldia s'étalait sur tout le mois d'avril. L'an dernier, nous avions programmé huit dates. Des animations de qualité, mais nous avons senti que le public se lassait. Pour nous aussi, organisateurs bénévoles, c'était difficile. On se cantonne donc à trois dates, dont Nafarroaren Eguna.

D'habitude, il n'y avait qu'un spectacle de danse traditionnelle, mais nous avons voulu faire entrer la modernité. Il nous fallait un nouveau souffle et nous cherchions à amener de la création. C'est pourquoi nous avons fait appel à Etorkizuna Konpainia [avec son sepctacle de rue Leiotik] ainsi qu'à Elektrotxaranga.

Les plus gros changements se situent au niveau de la logiqtiue. Nous avons regroupé par site, les concerts ne commenceront qu'à 19 heures pour que le public reste sur le fronton jusqu'à cette heure-là, et qu'l y ait une grasse ambiance.

Rassurez-nous, tout n'a pas changé ?

Le matin, la formule reste identique : la musique se déplacera du fronton à l'église et il y aura bien sûr le discours. Ce moment reste "l'âme" de cette journée. Tout comme le repas de l'ikastola, qui accueille près de mille personnes et se clôture par une prise de parole.

L'après-midi, les gens viennent plutôt pour faire la fête, et nous avions vraiment envie que se croisent les générations. Nous voulons que tout le monde vive cette journée de la même manière, et ensemble.

Kulturaldia remonte à 1979, comment se passe le témoin chez les organisateurs ?

Vu mon âge, je n'ai connu que la dernière passation, qui se fait de génération en génération. Si nous n'avions pas repris le flambeau, il n'y aurait plus de Nafarroaren Eguna ce qui nous est impensable. Au début nous ne nous sommes pas posé de questions, il fallait faire, et aujourd'hui nous essayons de mettre notre touche [la "relève" organise sa quatrième édition].

A sa création, le groupe pilote réunissait une cinquantaine de personnes. Aujourd'hui, nous sommes un quinzaine mais nous avons su nous organiser autrement en cherchant des aides ponctuelles. Cela nous a obligé à nous ouvrir, en nous appuyant sur des personnes dont les compétences sont complémentaires aux nôtres. Nafarroaren Eguna est une des dernières fêtes auto-financée à 100 %, ce dont nous sommes assez fiers.

Qui sont-elles, ces personnes vous prêtant main forte ?

Nous sommes justement en train de retravailler cette question, petit à petit, et ça marche, ce qui nous conforte dans le travail que nous menons. Les anciens sont toujours présents, lors de notre assemblée générale et pendant les manifestations. Chaque année, près de 300 bénévoles viennent nous aider : les jeunes de Baigorry mais pas seulement, nous avons élargi le panel auprès des Gaztetxe des communes voisines [Garazi, Saint Palais...] mais aussi de l'autre côté [notamment avec les organisateurs de Baztandarren Biltzarra, à Elizondo].

Il y a aussi les plus jeunes du village, dont nous faisions partie il n'y a pas si longtemps. On leur confie des reponsabilités pour que plus tard, s'ils le souhaitent, ils puissent intégrer Basaizea.