Justine Giraudel

Un match pour défendre les couleurs de l'euskara

Des Basques contre des Bretons sur un terrain de rugby, pour défendre la même cause : leur langue. A l'occasion de la Korrika, le 21 mars, AEK organise cette manifestation sportive.

Viviane Ithursarry d'AEK et Jean-Marie Usandisaga ont contribué à l'organisation du match de rugby.
Viviane Ithursarry d'AEK et Jean-Marie Usandisaga ont contribué à l'organisation du match de rugby.

Ils seront vingt-quatre joueurs de rugby basques, du nord et du sud, à affronter une équipe fédérale bretonne dans le cadre d'un match spécialement organisé par et pour AEK. Pour la Korrika 2015, la coordination des cours de basques pour adultes a fait ce choix audacieux, afin de promouvoir la langue basque. L'idée ? Se faire connaître du public "rugbyphile" et promouvoir les deux langues.

La genèse du projet revient à Jean-Marie Usandisaga, ancien joueur de l'Aviron Bayonnais et élève de troisième année aux cours du soir. "Nous avons souhaité organiser une action un peu 'prétentieuse' pour que, grâce à nous, AEK puisse récolter de l'argent et que la langue basque puisse perdurer." Idée qui a immédiatement conquis la Gau eskola : en quelques mois, ils ont réussi à monter ce projet et faire en sorte que des joueurs amateurs puissent profiter du stade Jean Dauger, le 21 mars prochain.

Des valeurs communes, voici le lien qui a été fait. "L'esprit d'équipe, le facteur d'intégration, fédérateur, la demande d'engagement" explique Viviane Ithursarry, salariée d'AEK en charge de cet évènement. En parallèle, l'ancien pilier explique que cette action est une manière de remercier la Gau eskola pour ce qu'elle lui apporte aujourd'hui : "Natif d'Itxassou, j'avais perdu le Basque. J'ai pris des cours depuis trois ans, et pu retrouver ces valeurs."

Une histoire d'équipe : autour d'eux, le pilier bayonnais Aretz Iguiniz, parrain du match qui donnera le coup d'envoi, a immédiatement répondu présent. L'idée de créer une sélection basque traînait depuis un bout de temps dans ses tiroirs. Les entraîneurs du Stade Hendayais Yannick Lamour et Daniel Larrechea ont sélectionné et entraîneront les joueurs amateurs. Le Comité territorial Côte Basque Landes a validé ce match de niveau fédéral, permettant à la Fédération Française de Rugby de l'officialiser.

Car il n'est pas simple de monter un projet d'une telle envergure : une association sportive a été spécialement créée pour l'occasion, Euskal Herria XV, rassemblant les organisateurs. Qui envisagent de donner des suites à cette action et, pourquoi pas, de la réitérer dans les années à venir. "Mais on verra comment ça va se passer", tempère J.M Usandisaga.

"Défendre son territoire"


Les sélectionneurs ont écumé les villes et villages du nord et du sud pour monter une sélection dont la majorité des joueurs est euskaldun, et qui sont tous natifs du territoire. Ils les ont trouvés dans les clubs de Saint-Jean-de-Luz, Hendaye, Larressore, Mouguerre, Saint-Palais, Anglet, Hernani, Gernika, Ordizia, Getxo. Une dynamique qui a été saluée par leurs propres adversaires. L'ancien pilier confie avoir reçu un appel d'un Conseil général de Bretagne le félicitant sur ce point. La sélection bretonne sera en grande partie composée de joueurs de Vannes, qui ne sont pour certains pas originaires de la région.

Une certaine fierté pour les organisateurs. "Ca ne va pas être un match de rigolos ; chacun va défendre son territoire. L'occasion de voir du jeu et de se faire plaisir", promet-il. Bien que ce match ne rassemble que des joueurs amateurs, les Vannetais font partie d'une équipe de fédération dont la montée en puissance en Pro D2 est remarquée. L'enjeu est donc de taille et la reconnaissance bien présente. "Nous avons été pris au sérieux", insiste-t-il. Et pour preuve : le président de l'Aviron Bayonnais s'est joint à la mairie de Bayonne pour leur donner gracieusement accès au stade, qui pourrait accueillir jusqu'à 5 000 personnes.

Au sujet de la sélection ? Il faudra attendre la fin de la semaine pour connaître le nom des joueurs. Pour augmenter le suspense : le joueur le plus âgé est un ancien professionnel "une personne symbolique, qui porte les couleurs de l'Aviron. Ce match représente beaucoup pour lui et pour le public, et ce sera son dernier."