Egoitz Urrutikoetxea

Réflexions à la veille du G7

Egoitz Urrutikoetxea. ©Isabelle Miquelestorena
Egoitz Urrutikoetxea. ©Isabelle Miquelestorena

Dans le cadre de la présidence du G7, Emmanuel Macron a fait le choix d’organiser le sommet du G7 à Biarritz du 24 au 26 août. Une décision prise en catimini, sans aucune concertation préalable. Reflet de la verticalité du pouvoir. Une décision hors-sol pour un sommet hors-sol.

Dans un exercice d’hypocrisie assumée, les chefs d’Etats allemand, français, italien, japonais, canadien, anglais et américain vont s’entretenir sur des questions de société en lien avec les crises majeures provoquées et aggravées par leurs agissements. Ils se présentent comme des pompiers alors qu’ils agissent en pyromanes.

Malgré les efforts de communication qui ont été déployés par les représentants du pouvoir pour vanter les retombées du G7 en termes de notoriété, au Pays Basque personne n’est dupe. Les mesures sécuritaires annoncées au compte-gouttes dessinent une situation ubuesque. En pleine saison estivale, l’espace public de la côte basque sera privatisé et bunkerisé pour que les pantins de l’oligarchie planétaire puissent manigancer à leur aise. Et surtout, sans être dérangés.

Le sommet du G7 aura lieu dans un contexte particulier. L’État français traverse une zone de turbulence majeure. Le mouvement des Gilets jaunes est le révélateur d’un ras-le-bol généralisé face à l’arrogance et au mépris d’un pouvoir qui s’apparente plus à une monarchie absolue qu’à une démocratie. Et la dérive autoritaire de l’État face à ce mouvement social inédit tant par l’ampleur que par la durée, met en évidence l’impossibilité pour le pouvoir de descendre de sa tour d’ivoire et apporter des solutions structurelles à des aspirations légitimes. D’où la violence déployée contre le mouvement des Gilets jaunes, pour ainsi l’engluer dans une spirale répressive et noyer les revendications sociales dans une logique anti-répressive.

Mais le sommet du G7 aura également lieu au Pays Basque, alors qu’un processus est toujours en cours pour résoudre le dernier et le plus ancien conflit armé d’Europe occidentale. Un processus qui a fait basculer unilatéralement le conflit d’une scène politico-militaire à une logique strictement politique. Une situation inédite qui ouvre une nouvelle ère au Pays Basque.

Face à l’imposition manu militari du sommet du G7, cela fait plusieurs mois qu’une plateforme éclectique s’est constituée au Pays Basque, non sans difficultés. La gestion a été périlleuse et l’équilibre reste fragile. Un cadre a minima a été accordé en ce qui concerne les modalités d’action dans la mobilisation contre le G7 : une intervention idéologique notamment via les journées qui auront lieu du 21 au 23 août à Hendaye et Irun ; une mobilisation de masse populaire le 24 août entre Hendaye et Irun ; et enfin des actions de désobéissance civile le dimanche 25 via des rassemblements arc-en-ciel afin de dénoncer la privatisation de l’espace public et la remise en question des libertés fondamentales pendant le G7.

Dans ce cadre, l’ensemble des signataires s’est mis d’accord pour qu’aucun des événements organisés par la plateforme ne soit utilisé pour développer une stratégie de confrontation violente avec les autorités.

L’autorité de l’État repose en grande partie sur le monopole de la violence. Utiliser la violence politique dans un rapport de force avec l’État revient à accepter les règles établies par ce dernier. A défaut d’arriver à mettre en place un rapport de force suffisamment important pour renverser l’État on finit par le renforcer. L’expérience récente au Pays Basque devrait servir d’exemple quant à l’usage de la violence politique, qui peut à terme, enfermer dans une véritable impasse les mouvements de contestation.

Forts de cette expérience, G7 ou pas G7 nous continuerons à faire vivre la nouvelle dynamique de transformation politique et sociale au Pays Basque.