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Macron : “Le Pays Basque, un exemple en ce qui concerne la résolution du conflit”

Lors de sa venue à Biarritz vendredi, le président français Emmanuel Macron a permis à la presse de l'interroger sur les sujets locaux et hexagonaux. Processus de paix, prisonniers, enseignement de l'euskara par le biais de l'immersion... Le président a répondu sur ces sujets.

Emmanuel Macron a dans un premier temps été interrogé sur l'arrestation ce jeudi de Josu Urrutikoetxea, l'ancien responsable d'ETA qui avait lu l'ultime communiqué d'ETA, ainsi que sur les politiques d'exception appliquées aux détenus basques par le gouvernement français, avec notamment trois militants qui sont depuis trente ans en prison.

"La question basque est un vrai sujet à mes yeux". Emmanuel Macron explique ne jamais avoir eu l’occasion de s’exprimer sur les sujets concernant le territoire du Pays Basque, et s'est montré ravi de pouvoir le faire à cette occasion et face à la presse. Il poursuit : "le Pays Basque est pour moi un exemple, quand je regarde ces dernières années, de résolution d'un conflit et de sortie des armes". Il souligne le travail réalisé par les élus locaux qui ont porté ce travail de réconciliation, et qui ont conduit certains à lire la déclaration de fin d'ETA. "Le devoir de l’Etat est d’accompagner le mouvement ", poursuit-il. "Nous ne devons pas faire bégayer l'Histoire, il faut l'accompagner".

Suite à ce préambule, Macron est revenu sur l’arrestation du militant historique Josu Urrutikoetxea. "Je sais que cette personne a lu le texte de fin d'ETA. Mais néanmoins, elle avait commis des crimes graves et une peine de prison a été prononcée. La police française dans le cadre des coopérations qui sont les siennes avec à la fois la police et le système judiciaire espagnol, n’a pas à rejuger ces crimes. C'est dans le cadre de cette coopération que cette personne a été appréhendée et qu’elle a été livrée à la justice espagnole pour purger sa peine", explique-t-il.

Urrutikoetxea, incarcéré ce vendredi soir à la Santé à Paris, doit purger une peine de prison de huit ans en France. Il n'a aucune condamnation en Espagne. Le président français annonce qu'Urrutikoetxea a été remis à la Justice espagnole. Cette déclaration erronée laisse-t-elle présager d'une remise d'Urrutikoetxea à la Justice espagnole qui serait déjà actée entre les deux Etats ?

Le président poursuit : "Je pense que la réconciliation politique et la sortie des armes ne vaut pas amnistie, et il ne m'appartient en tout cas pas de décider de quelque amnistie que ce soit pour les Espagnols, et en l'espèce, c'est bien de cela ce dont il s'agit."

Le président Macron croit fermement que le travail de réparation de mémoire doit se poursuivre. "Il faut permettre à tous les anciens combattants repentis, pour les uns de purger leurs peines lorsqu’ils ont commis le pire, pour les autres de reprendre une vie normale, mais il faut aussi savoir entendre les familles des victimes, les respecter dans leur douleur et réparer celle-ci. Je crois qu'il n'y a pas de vrai processus de paix si on ne fait pas ce travail".

Sur la question des prisonniers basques, le président français a rendu hommage au travail réalisé par la garde de Sceaux, qui fait "un travail extrêmement fin, assidu, dans le cadre de la loi et respectant les décisions de justice, car il n'appartient pas au Gouvernement de revenir sur les décisions de justice". Il ajoute : "Pour aménager les choses, en lien avec les élus, avec les familles des victimes comme des détenus, pour permettre de faciliter les rapprochements". Macron rappelle que beaucoup de choses ont été faites ces derniers mois, de manière apaisée, je dirais technique. Cela se poursuivra sur ce mode-là". Le président semble confirmer ici que les discussions avec la délégation du Pays Basque se poursuivent et que la situation de blocage dénoncée en janvier dernier pourrait évoluer dans les prochains semaines.

Enseignement de la langue basque

Dernier sujet lié au Pays Basque, Emmanuel Macron s’est aussi prononcé sur l’enseignement de la langue basque. "Mon souhait, c’est que le Gouvernement poursuive la construction d’un dialogue constructif avec les associations, les élus et les familles pour donner des moyens à la langue basque d’avoir sa place", a-t-il expliqué.

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Concernant la question de l'immersion dans l'enseignement public, s'il ne dit pas être favorable à son développement, il précise : "je ne suis pas favorable à ce qu'on revienne en arrière lorsque ces pratiques s’étaient installées et avaient montré une satisfaction". Des propos qui viennent contredire ceux de la ministre Gourault mais pour lesquels Macron ne semble pas des plus convaincus.