Xabi LARRALDE

Union européenne : une démocratie kidnappée par un quarteron de technocrates et de lobbies

Xabi Larralde. © Isabelle MIQUELESTORENA
Xabi Larralde. © Isabelle MIQUELESTORENA

Dans un contexte où l’Union européenne (UE) traverse une grave crise avec le Brexit, les élections européennes auront lieu le 26 mai prochain. En tant que militant politique, je prône à priori la participation dans tous les domaines du champ politique comme une nécessité.

Ceci étant, pour ces élections, en tant qu’abertzale, la seule démarche à laquelle je peux m’identifier est celle de la plateforme Régions et Peuples Solidaires (RPS). Cependant, en tant que membre d’EH BAI, je n’adhère pas totalement à l’accord formalisé par RPS avec EELV pour ces européennes. Et il faut souligner aussi que, de même qu’EH BAI, Corsica Libera ne s’associe pas à cette candidature.

En tant que militant de gauche maintenant, plus que tout autre échelon, celui de l’UE me rebute tout particulièrement. Personnellement, j’adhère totalement au projet d’une Europe politique. Mais précisément, je vois mal comment on pourrait construire une autre Europe sans être clair et lucide sur le fait que le fonctionnement non démocratique de l’UE est en train mettre à mal le projet européen.

Quand on cherche à comprendre le fonctionnement des instances européennes, il faut d’abord citer au sein de la zone euro la Banque centrale européenne (BCE). Elle est totalement indépendante du pouvoir politique, et a le privilège sur ce registre d’être la Banque centrale la moins démocratique qui soit au monde. En effet, même aux Etats-Unis, le Congrès dispose d’un droit de surveillance sur la Banque centrale américaine.

Pour ce qui est des institutions de l’UE, nous avons d’un côté le Conseil européen qui est composé des chefs d’Etats et des représentants des gouvernements. Et de l’autre deux instances qui ne sont pas intergouvernementales : le Parlement et la Commission. Or, le Parlement européen a peu de pouvoir, et la Commission est composée de technocrates désignés pour leurs “compétences”. C’est dans la gestion de la dette grecque que le caractère non démocratique de ces deux institutions clés que sont la BCE et la Commission s’est plus particulièrement illustré.

Mais qui sont les dirigeants de ces instances qui ont mis à genoux un pays qui est le berceau de la démocratie européenne ? Il s’agit de M. Draghi, président encore en exercice de la BCE, et de J. M. Barroso, ancien président de la Commission. Et quel est leur “pédigree” ?... M. Draghi est un ancien responsable de la banque américaine Goldman Sachs qui a aidé la Grèce à maquiller ses comptes publics au débat des années 2000. Et J. M. Barroso après avoir terminé son mandat à la Commission en 2014, a rejoint… Goldman Sachs.

Or, il ne sagit nullement de deux cas exceptionnels, car on considère que 50 % des anciens commissaires européens se sont reconvertis en lobbyistes. Comme aurait dit De Gaulle, il apparaît donc que le pouvoir en Europe est aux mains d’un “quarteron” de technocrates et de lobbies. C’est une des raisons pour laquelle le 26 mai, j’irai voter, mais je voterai blanc.