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André Darraïdou s’est éteint

L’ancien maire d’Espelette et acteur reconnu du Pays Basque Nord est décédé après une longue maladie. Les obsèques auront lieu lundi 15 avril, en l'église d'Espelette à 10h30.

André Darraïdou est décédé ce 10 avril. © Gaizka IROZ
André Darraïdou est décédé ce 10 avril. © Gaizka IROZ

On retiendra son doux sourire. André Darraïdou aura marqué le Pays Basque par son travail pour la reconnaissance institutionnelle. Défenseur du département Pays Basque, acteur économique impliqué, maire d'Espelette de 1989 à 2006 et ancien président du Biltzar des communes, André Darraïdou est mort à l’âge de 72 ans.

En 2007, c’est avec un aurresku dansé devant ses pairs qu’il a quitté le Biltzar et la politique. Membre actif de la plateforme Batera, il a également été à l’origine du parti centriste Elgar-Ensemble. Restaurateur, il s’est entre autres investi dans la création d’Herrikoa et dans le cluster tourisme Goazen. Il a également œuvré pour l'obtention de l'AOC Piment d'Espelette. André Darraïdou venait tout juste de terminer la rédaction d'un livre sur l'histoire du piment d'Espelette.

C’est le hasard de la vie : il a accompli son dernier voyage alors qu’un groupe de Basques se trouve en Chine sur les traces du prêtre originaire d’Espelette, le père Armand David. Un voyage pour lequel il s’est investi, tout autant que pour mener des recherches sur ce personnage. Il avait pu se rendre pour la dernière fois à l'empire du Milieu en 2017.

Joint par téléphone, c'est précisément de là-bas que Panpi Dirassar a témoigné au micro de France Bleu Pays Basque. "C'était un batailleur qui aimait son village, qui aimait le Pays Basque", a affirmé le conseiller municipal et directeur de l'Office de tourisme d'Espelette. Elégant, fin et discret, c’est comme cela que le rappellent ses compagnons de route. "Il était solaire", ajoute l’élue de Bayonne, Martine Bisauta, qui l’a fréquenté au sein de Batera.

Président de l’Association des élus favorables au département Pays Basque, il a essayé de rallier à cette cause les élus. Il en a fait de même, plus tard, pour Euskal Herriko Laborantza Ganbara. L’entrepreneur et ami Patxi Noblia a été de cette aventure avec lui, mais il l’a surtout connu lors de la création de l’association Hemen, puis d’Herrikoa. Alors qu’il cherchait des personnes sensibles à la création d’emplois au Pays Basque Nord, en 1978, "Darraïdou a été le plus réceptif". C’est ainsi, que ce dernier est devenu président de Hemen, puis celui de la société de capital risque pour le développement économique en Pays Basque.

Finalement, André Darraïdou a pu connaître la reconnaissance institutionnelle de son vivant avec la création de la Communauté d’agglomération Pays Basque, en 2017. "On lui doit beaucoup, à lui et à d’autres", accorde Sauveur Bacho, délégué communautaire, ancien maire d’Arbérats et ancien vice-président de l’Association des élus favorables au département Pays Basque. Six ans après que Darraïdou se soit présenté aux élections sénatoriales, en 2011, Sauveur Bacho a reçu son soutien pour ce même scrutin. "Il a été guidé par les valeurs humanistes, l’amour pour le Pays Basque et la justice sociale", selon lui.

Vite après avoir appris son décès, une pluie de messages de regrets s'est emparée des réseaux sociaux. Parmi eux, celui de la conseillère départementale Isabelle Pargade, du président de la Communauté d'agglomération Pays Basque Jean-René Etchegaray, du député Vincent Bru et des sénateurs Max Brisson et Frédérique Espagnac. Cette dernière a rendu hommage au "visionnaire" qu'était André Darraïdou. Son collègue Max Brisson a salué cette "figure du Pays Basque" : "L’AOC du piment d’Espelette, le dynamisme touristique d’Espelette, la langue basque et l’évolution institutionnelle du Pays Basque lui doivent beaucoup". Le député de la circonscription Vincent Bru a relevé les valeurs humanistes qui ont guidé l'action de l'ancien maire d'Espelette.