Goizeder TABERNA

Migrants : les conseillers départementaux font bloc

A gauche comme à droite, les élus départementaux soutiennent le travail réalisé par le Département en matière de protection des mineurs non accompagnés.

Fin janvier, le Département a enregistré 456 mineurs non accompagnés pris en charge et/ou mis à l’abri. © MEDIABASK
Fin janvier, le Département a enregistré 456 mineurs non accompagnés pris en charge et/ou mis à l’abri. © MEDIABASK

C'est certainement le dossier le plus difficile de la mandature. En 2019, le flux de mineurs non accompagnés doublera par rapport à celui de l’an passé. Les structures d’accueil, elles, ne se développent pas aussi vite que l’arrivée de ces migrants. Régulièrement interpellé par les associations du terrain, aucune voix ne s’est dissociée de l’action du Conseil départemental dans la gestion des jeunes isolés venus d’autres pays, lors de la session plénière de jeudi 14 février.

Les critiques portant sur des dysfonctionnements semblent ne pas avoir franchi les murs du Parlement de Navarre. Le Groupe de Gauche a loué le travail réalisé par les services départementaux "dans une situation exceptionnelle", à l’instar des autres groupes politiques. "Nous ne nous adonnons pas à de la basse récupération politique. Cela serait malvenu sur ce dossier", a déclaré son porte-parole Henri Etcheto.

Sur la défensive, le chef de file du Groupe de la Droite républicaine pour le 64, Max Brisson, refuse que ses propos soient taxés d’anti-migrants. Il a répondu aux critiques en affirmant que le Département des Pyrénées-Atlantiques ne renie pas ses obligations. "Ne nous leurrons pas. Faire un constat, c’est-à-dire pointer l’augmentation constante de ces jeunes qui passent la frontière et qui se déclarent mineurs, sans toujours l’être, aura indubitablement des répercussions sur les budgets de nos collectivités. Cela en aura d’autant plus si l’Etat continue de se défausser". Il a rappelé que ce dernier ne prend à sa charge qu’un million d’euros alors que le budget de 2018 est de 14 millions d’euros.

L’exécutif a donné les chiffres officiels. Cent mineurs seraient dans l’attente d’une évaluation de l’âge depuis décembre et l’organisme chargé de les faire, Isard Cos, "gère dix à quinze évaluations par semaine et n’a pas été en capacité de faire face à l’augmentation de ces évaluations", a reconnu le président du Département Jean-Jacques Lasserre.

Des volontaires pour l’évaluation

Il a ensuite annoncé plusieurs mesures pour adapter l’offre à la demande. Après avoir cherché d’autres partenaires, l’exécutif a proposé à ses cadres des services des solidarités humaines de réaliser ces évaluations en interne. Les 30 volontaires ont été formés par Isard Cos et ont commencé à effectuer les premières évaluations.

Quant aux difficultés pour héberger ces jeunes mineurs, le Département a lancé un appel à projets en vue de créer de nouveaux dispositifs d’accueil et les conventions passées avec l’OGFA en 2018 ont été renégociées afin d’augmenter la capacité des structures, mais aussi de maîtriser le coût de ces "placements". Le conseiller départemental Max Brisson l’a reconnu, le Département n’était pas préparé à cet afflux, "les structures ne sont pas forcément adaptées".

Seul reproche dans l'assemblée, le manque de pression réalisé par le Département sur l’Etat. La conseillère départementale de gauche, Juliette Brocard, suggère : "avec d’autres départements limitrophes, on pourrait demander un système de solidarité financière exceptionnelle, une compensation de la part de tous les départements". Concernant la dizaine de cas dont l’évaluation de l'âge est contestée par les associations d’aide aux migrants, les élus de gauche ont fait remonter les dossiers, conscients que la tâche n’est pas évidente.