Anaiz Aguirre Olhagaray

Biarritz : suite et fin d’une série à grand succès

Le conseil municipal de ce 8 février a acté le départ de l’adjointe à l’urbanisme issue de la majorité, Nathalie Motsch, exclue pour s’être opposée à son propre camp dans l’affaire de l’Hôtel du Palais. Les spectateurs étaient nombreux pour assister à ce nouvel épisode du feuilleton politique biarrot, ponctué de piquantes prises de paroles et d’une fière et digne intervention de la femme politique destituée, aussitôt remplacée par Laurent Ortiz.

Nathalie Motsch n’est plus adjointe au maire de Biarritz depuis ce 8 février. © Bob EDME
Nathalie Motsch n’est plus adjointe au maire de Biarritz depuis ce 8 février. © Bob EDME

L’épisode final aura duré cinq longues heures, mais c’est de loin la première qui a été la plus divertissante. Le vote sur le maintien ou non de Nathalie Motsch dans ses fonctions d’adjointe était en quatrième point à l’ordre du jour, loin devant les orientations budgétaires, votées tard dans la soirée. Opposée à son propre camp dans l’affaire de l’Hôtel du Palais, dénonçant une "vente déguisée", la femme politique a été écartée pour avoir déposé trois recours judiciaires contre le maire Michel Veunac. Sur les 23 votants (l’opposition n’ayant pas pris part au vote), 13 ont souhaité le départ de l’élue. L’intéressée a tenté une dernière prise de parole à l’issue du vote, mais le maire l’en a empêchée en lui coupant son micro.

Avant le vote, l’auditoire a pu se régaler de passionnantes joutes oratoires. Dans les rangs de la majorité, François Amigorena évoque "un spectacle surréaliste qui se déroule sous nos yeux atterrés", le "dernier épisode d’une série de gâchis", dans une ville, Biarritz, devenue l’objet de "risées". Pour lui, on est "face à un tonneau de Danaïdes, qui se vide inexorablement. Une directrice de la communication, 'au revoir'. Une directrice de la police municipale, ‘good bye’. Deux adjoints au maire, ‘hasta luego’. Un directeur de cabinet, ‘ciao’. Une conseillère municipale exemplaire, ‘ikus arte’. Une cheffe de cabinet, ‘sayonara’. Et aujourd’hui, une adjointe au maire, ‘kenavo’". Amigorena prévient qu’il ne participera pas au vote, "une énième mascarade aussi grotesque qu’indigne".

"Vous ne me faites pas peur"

D’une voix assurée, l’élue Nathalie Motsch commence par remercier son équipe ainsi que le maire, pour la "confiance" qu’il a placée en elle en 2014, alors que la délégation Urbanisme n’existait pas encore. Elle poursuit : "Nous avions tout pour réussir et faire en sorte que ce mandat soit flamboyant. Il est consternant. Consternant de médiocrité, d’espoirs trahis", regrette-t-elle.

"Entendez-moi bien, vous ne me faites pas peur. Vous voulez ma tête, prenez-la. Vous voulez me virer, virez-moi. J’ai ma conscience pour moi. Mais sachez une chose : que je sois dedans ou dehors, je continuerai à m’investir pour notre ville", s’est placée Nathalie Motsch, avant d’ajouter : "Je resterai une femme libre, fidèle à ses valeurs, dont la probité continuera à être le moteur". Pendant qu’il se fait assaisonner, Michel Veunac garde le silence, feignant de consulter ses dossiers.

Mandat "sans démocratie" et "mépris des femmes"

Nathalie Motsch ne tarit pas de qualificatifs peu élogieux à l’adresse du maire. "Rarement un mandat n’aura autant flirté avec des décisions incohérentes voire suspectes, rarement un mandat n’aura autant subi les affres de l’incompétence et de l’inconstance : des décisions prises à l’emporte-pièce, sans vision, sans ambition, sans démocratie. Une forme de démagogie servile a englué tout le processus démocratique".

Attristée par le départ de sa collègue et amie Virginie Lannevère (élue et administratrice de la Socomix démissionnaire) "écœurée" de ce qu’elle a dû "affronter et subir pour défendre les intérêts de Biarritz", Motsch s’est directement adressée à Guy Lafite, acolyte de l’édile : "Vous avez été indigne, monsieur le premier adjoint, et votre mépris des femmes vous aura une fois encore aveuglé. Non, elle ne pouvait pas être brillante. Non, elle ne pouvait pas être plus compétente que vous… parce qu’elle n’était qu’une femme".

L’air de la campagne

"J’ai été dure à l’intention du premier adjoint, mais il a été très indigne vis-à-vis de Virginie Lannevère et totalement incorrect avec moi. Il était donc temps que les choses soient dites une bonne fois pour toutes" a-t-elle réagi après avoir quitté la salle du conseil, s’estimant "libérée".

Quant à de possibles velléités électorales, elle n’assure rien. "Mais j’ai la chance d’avoir autour de moi des gens formidables, qui ont envie de s’investir pour Biarritz. On verra comment les choses évoluent dans les mois qui viennent". En tout cas, elle se définit comme "une femme qui rassemble". La suite à la prochaine saison... électorale.