Le constat est sans appel. Dans les Pyrénées-Atlantiques, près de deux agriculteurs sur trois n’ont pas une reprise assurée sur leur exploitation. Un recensement, réalisé par la Chambre d’Agriculture du département 64, a mis en évidence ce phénomène qui reflète ce qui a déjà pu être constaté depuis de nombreuses années ailleurs dans l'hexagone. Le nombre d’installations en agriculture est aujourd’hui inférieur au nombre de départs à la retraite. Et pourtant ce sujet constitue un fort enjeu pour la vitalité du territoire afin de préserver le nombre d’actifs, les commerces et les services, mais aussi pour maintenir les paysages ouverts et les outils de production pour les filières locales.

Dans le prolongement du travail mené en Soule en 2016, la Chambre d’agriculture et la SAFER ont décidé en concertation avec la Communauté d’agglomération Pays-Basque d’étendre ce travail à l’ensemble du Pays-Basque Nord. Aujourd’hui, c’est au tour du pôle territorial Garazi-Baigorri de bénéficier de cette action. En ce sens, 156 agriculteurs du territoire pour lesquels la suite semble incertaine ont été contactés en vue d’un entretien individuel à domicile.

Ils sont près de 90 à avoir accepté de répondre sur ce sujet souvent tabou dans un grand nombre de fermes. Ces échanges ont permis de discuter des différentes solutions envisageables telles que la reprise familiale, la location, la vente ou encore l’installation sans cadre familial. Par ailleurs, les agriculteurs ont pu être sensibilisés aux différents outils actuellement en place leur permettant d’approfondir la réflexion sur le sujet.

Des faits marquants

Ce mercredi 7 novembre, une restitution était organisée afin de présenter les résultats de l'étude menée. Des faits marquants ont ainsi pu être mis en avant. Ainsi, les éleveurs du territoire Garazi-Baigorri travaillent quotidiennement avec des niveaux d’équipements et de conditions de travail parfois très difficiles. A titre d’exemple, parmi les exploitants rencontrés, un éleveur sur deux de brebis laitières ne possède pas de salle de traite. De plus, le foncier exploité semble être essentiellement familial. Ceci peut constituer un élément favorable lors de la transmission d’une exploitation dans la mesure où cela réduit le nombre de décideurs ou de personnes impliquées.

Des difficultés ont par ailleurs été ciblées. Le doute des cédants quant aux capacités des personnes extérieures pour reprendre l’exploitation familiale avec succès constitue un frein important dans les transmissions. Celui-ci est accentué par la peur des propriétaires de ne plus être maître de leur bien en cas de reprise de leur exploitation. Enfin, parmi les exploitants qui ont pensé la transmission de leur exploitation, plus de la moitié l’envisagent dans un cadre familial mais en activité secondaire. Un phénomène qui engendrera inévitablement un changement des systèmes et amènera vers une simplification de façon à pouvoir mener cette double activité.

Forts de ce diagnostic, la Chambre d’agriculture et la SAFER comptent commencer un travail de fond. Certains agriculteurs ont d'ores et déjà souhaité être recontactés individuellement afin d'appronfondir leur réflexion. Chacun pourra bénéficier d’un suivi personnalisé en fonction de ses besoins. Un travail avec les "nouvelles générations", c’est-à-dire des personnes qui entreront prochainement dans la tranche des plus de 55 ans, va par ailleurs permettre de repérer de nouvelles pistes d’actions à mettre en place dans les années futures.

Deux réunions publiques dans le cadre de la Quinzaine de la transmission sont organisées le 27 novembre à 10h à Hasparren (Chambre d’agriculture) et le 29 novembre au pôle territorial Garazi-Baigorri (Lutxiborda) à 10h.