AINHOA AIZPURU

Coup dur pour les prisonniers catalans

Le parquet général a annoncé jusqu’à 25 ans de prison requis contre les organisateurs du référendum sur l’indépendance de la Catalogne.
 

De nombreux maires de Catalogne se sont solidarisés des prisonniers politiques.
De nombreux maires de Catalogne se sont solidarisés des prisonniers politiques.

L’annonce a retenti comme un coup de tonnerre ce week-end de la Toussaint. De sept à vingt-cinq années de prison ont été requises pour douze instigateurs de la déclaration d’indépendance de la Catalogne. De très lourdes réquisitions qui ont ébranlé le monde politique catalan mais aussi la communauté internationale. Elles ont par ailleurs mis le gouvernement espagnol dans l’embarras.

Même si les dates du procès contre les dirigeants catalans ne sont toujours pas annoncées, les peines encourues sont aujourd’hui connues. Et il est peu dire qu’elles ne sont pas légères. Les responsables indépendantistes sont accusés d’avoir organisé, le 1er octobre 2017, un référendum d’autodétermination, illégal et interdit pour Madrid. Ils seront notamment jugés pour "rébellion".

Dans la définition juridique de la "rébellion", il doit y avoir de la violence. Or, les dirigeants indépendantistes n'ont à aucun moment promu ni défendu l'usage de la violence. Cette nuance juridique, bien que décisive, n'a pas été retenue par le procureur qui a conservé l'accusation.

Les châtiments demandés à l’encontre des douze dirigeants, arrêtés et incarcérés depuis un an déjà, sont conséquents. Les peines sont comprises entre sept et vingt-cinq années de détention. C’est Oriol Junqueras, numéro deux de l’exécutif indépendantiste (ERC), qui écope de la potentielle plus lourde peine : un quart de siècle de prison. L’ancien chef de la police catalane se voit réclamer onze années de prison. Les deux responsables associatifs, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, pourraient quant à eux, purger jusqu’à 17 ans d’incarcération, tout comme l’anciennne présidente du Parlement, Carme Forcadell.

Avec ces demandes de peines, la justice espagnole montre une fois de plus un manque de proportionnalité flagrant. Le contraste avec le cas d'Iñaki Urdangarin, beau-frère du roi, est saisissant : coupable d'avoir détourné des sommes colossales en utilisant sa condition de membre de la famille royale, il n'a écopé que d'une peine légère de quelques années dans une prison de luxe. En Espagne, la justice ne semble visiblement pas la même pour tous.