Sophie BUSSIERE

Grande-Synthe, la verte

Sophie Buissière. © DR
Sophie Buissière. © DR

Ville de 23 000 habitants, située dans le département du Nord, Grande-Synthe est l’objet de bien des attentions. Le documentaire Grande-Synthe, la ville où tout se joue de Béatrice Camurat Jaud vient de sortir *. Il y est question d’un territoire, d’une commune et d’un homme. Damien Carême, le maire, refuse la résignation, et agit. Le fil rouge de sa politique : la dignité.

Près de Dunkerque dont elle abrite une partie du port, Grande-Synthe est ancrée dans un territoire industriel, où les friches ont succédé aux usines, et où le chômage est à 24 %. Usinor a employé jusqu’à 11 000 salariés, devenue Arcelor Mittal, l’entreprise n’a actuellement que 3 000 employés. La centrale nucléaire des Gravelines est à 10 kms. Située près de Calais également, cette ville est un lieu de passage des migrants, abandonnés dans la boue par l’Etat.

Or, loin d’être grise, Grande-Synthe est verte, et elle est la seule à résister à la vague brune lors des élections.

Capitale française de la biodiversité en 2010, la transition écologique a été initiée depuis longtemps : trame verte, verger pédagogique, éco-quartier, cantines 100 % en alimentation biologique, ville zéro-phyto, économie circulaire... Avec 127 m2 d’espaces verts par habitant, elle se situe au niveau de Stockholm.

Au niveau social, alors que 30 % des habitants sont en dessous du seuil de pauvreté, l’action du maire est guidée par la dignité : habitats sains, mutuelle communale, refus de sacrifier le buget de la culture en dépit des baisses de dotations de l’Etat, pour un accès égal pour toutes et tous à celle-ci.

Concernant les “chercheurs de refuges” suivant les termes de Damien Carême, nous nous souvenons qu’en 2015 il avait tenu tête à l’Etat en érigeant, à la Linière, le premier camp humanitaire en France, avec l’aide de Médecins sans frontières. Humanité retrouvée grâce à ces élus et citoyens qu’il a entrainés par sa volonté sans faille d’un accueil digne. Alors ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve avait cité Mitterand à propos de Damien Carême : “on ne peut rien contre la volonté d’un homme”. Et pourtant, rien n’est jamais acquis. Le camp de la Linière a brûlé en avril 2017. Récemment, Damien Carême a interpellé le Président de la République, après avoir écrit, en vain, au Premier ministre, pour mettre l’Etat face à sa responsabilité dans l’accueil des migrants : ”Cette politique cynique pourrit véritablement la situation, provoquant quelques montées d’intolérance que nous n’avions jamais connues jusque-là”.

Face à cet abandon, à cette lâcheté des Etats, nous aurons besoin d’une Europe accueillante et fédérale. Damien Câreme, candidat en 3e position sur la liste écologiste aux élections européennes de mai 2019, incarne cette Europe de l’accueil et des territoires. Pour l’heure, Grande-Synthe, ville résiliente, avec à sa tête un élu doté d’une “volonté de faire” mérite que nous nous y attardions. Nous avons le devoir d’inventer un futur viable.

Projection au cinéma Les variétés à Hendaye le 23 novembre prochain, en présence de la réalisatrice.

* http://grandesynthelefilm.com