Antton Etxeberri

Menace de mort contre le prisonnier basque Mikel Albisu Iriarte

Suite à une fouille de sa cellule par les fonctionnaires pénitentiaires de la prison de Réau, le prisonnier politique basque Mikel Albisu Iriarte a retrouvé des menaces de mort. Son avocate va porter plainte cette semaine auprès du Procureur de la République.

Lors de l'agression de Mikel Albisu en prison, des banderoles le soutenant sont apparues dans sa ville d'origine, Donostia.
Lors de l'agression de Mikel Albisu en prison, des banderoles le soutenant sont apparues dans sa ville d'origine, Donostia.

L’avocate du prisonnier basque Mikel Albizu Iriarte va porter plainte cette semaine auprès du Procureur de la République suite à la découverte d’un livre accompagné d’un post-it écrit à la main par son client, dans sa cellule de la prison de Réau (Ile-de-France).

Le prisonnier basque, qui est également porte-parole du Collectif des prisonniers politiques basques (EPPK), a fait parvenir à la rédaction de MEDIABASK un courrier détaillant les circonstances dans lesquelles il a retrouvé cette menace de mort (voir document associé).

Une "fouille dite ministérielle" a été décidée dans l’ensemble des cellules de la prison de Réau, suite à l’évasion spectaculaire par hélicoptère le 1er juillet dernier de Redoine Faïd. C’est quand Mikel Albisu Iriarte a été reconduit dans sa cellule suite à la fouille qu'il s’est rendu compte qu’un livre titré "The Murders in the Rue Morgue", (traduction : Double assassinat dans la rue Morgue) écrit par Edgar Allan Poe en 1841, avait été déposé au-dessus de ses affaires, "dont la couverture très foncée présente quelques tâches rouges qui évoquent des gouttes de sang". Sur ce livre, un post-it était collé dessus. "Quelqu’un avait dessiné une balle qui portait à l’intérieur un écriteau en anglais : That is for you fuck", que l’on pourrait traduire par "elle est pour toi enculé".

Mikel Albisu Iriarte a fait par la suite constater au Chef de la détention la présence de cette menace, et des preuves photographiques ont été enregistrées par les services pénitentiaires. La direction du centre pénitentiaire de Réau a jugé l’affaire assez grave pour en informer "sa hiérarchie". Une enquête interne a été lancée pour définir les circonstances dans lesquelles ce livre et le post-it sont entrés dans la cellule du prisonnier basque. Les deux surveillants responsables de la fouille de la cellule de Mikel Albisu Iriarte nient avoir un rapport avec cette menace et ajoutent qu’ils n’ont rien vu, selon ce que rapporte le prisonnier dans son courrier.

Plainte au pénal

En complément de l’enquête administrative démarrée en interne à la prison, Mikel Albisu Iriarte a décidé de porter l’affaire au pénal. Son avocate, Xantiana Cachenaut, va porter plainte devant le procureur de la République dont dépend le centre pénitentiaire de Réau, dès cette semaine : "Vu la gravité de la situation, on va porter plainte. Cette menace ne peut venir que d’un fonctionnaire de la prison, puisque les autres prisonniers n’ont pas eu accès à cette cellule durant cette fouille. Il est difficile de lier cette menace avec l’agression qu’a subie Mikel. mais cela fait beaucoup de choses en peu de temps, nous sommes dans une situation assez inquiétante".

Xantiana Cachenaut fait allusion à une agression dont a été victime Mikel Albisu Iriarte le 14 avril dernier, provenant d’un prisonnier de droit commun qui souffre de troubles psychiatriques. Le prisonnier basque, blessé au bras, au visage et à la tête, avait été hospitalisé d’urgence.

Le directeur de la prison de Réau, sollicité à plusieurs reprises par nos soins, n’a pas souhaité nous répondre. Responsable hiérarchique des fonctionnaires qui travaillent dans l’établissement pénitentiaire dont il a la charge, c’est au sein de son équipe de fonctionnaires qu’il devrait retrouver le ou les responsables présumés de cette menace. L’enquête administrative devrait déterminer les responsabilités de chacun.

Quant à la plainte au pénal, une fois déposée, le procureur de la République décidera s’il souhaite y donner suite ou non. Vu la gravité de la menace, on peut s’attendre à ce que les différents protagonistes de l’affaire soient entendus par les enquêteurs dans les prochaines semaines.

A ce jour, six prisonniers basques sont incarcérés dans la prison de Réau, en Ile-de-France, à 930 kilomètres du Pays Basque : deux hommes (Mikel Albisu Iriarte et Mikel Karrera), et quatre femmes (Marixol Iparraguirre, Ainhoa Ozaeta, Itziar Plaza et Iratxe Sorzabal). Mikel Albisu Iriarte devrait sortir de prison au plus tard au mois d’avril 2019, date à laquelle il aura accompli la totalité de sa peine.