Antton Etxeberri

Saint-Palais : don anonyme et invectives

Ambiance tendue au conseil municipal de Saint-Palais. Le litige entre le maire de et un habitant de la commune a dégénéré en plein conseil. La municipalité va acheter la Villa Florence pour la mettre à disposition de la Communauté d'agglomération Pays Basque.

Jean-Jacques Loustaudaudine, maire de Saint-Palais. © Gaizka IROZ
Jean-Jacques Loustaudaudine, maire de Saint-Palais. © Gaizka IROZ

Les élus du conseil municipal de Saint-Palais se sont réunis ce mercredi 4 juillet. Principal sujet à l’ordre du jour, l’achat de la Villa Florence par la Ville, pour mettre le terrain à disposition de la Communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB) afin d'en faire une maison de santé pluridisciplinaire (MSP). Un long débat ayant déjà eu lieu lors du précédent conseil municipal du 31 mai à ce sujet, les discussions ne se sont pas éternisées.

Le maire, Jean-Jacques Loustaudaudine, a d’abord fait connaître l’estimation de la propriété par les Domaines, reçue début juin : 450 000 euros. Réclamée aux Domaines le 30 avril, soit un mois avant que le sujet soit abordé pour la première fois au conseil municipal de Saint-Palais, elle vient confirmer le montant annoncé par J.-J. Loustaudaudine, dès le 31 mai.

Interrogé par Extebe Irola, élu abertzale, le maire de Saint-Palais admet pour la première fois qu’un don d’un montant de plus de 450 000 euros avait été fait à la commune, afin de faire face aux dépenses générées par l’achat. L’édile refuse en revanche de dévoiler l’identité du donateur, et invite ceux qui le souhaitent "à interroger le percepteur de Saint-Palais" pour en savoir plus. Contacté par MEDIABASK, ce dernier confirme juste qu'un "virement anonyme a bien été enregistré sur un compte de la Banque de France", et qu'il est dans l'impossibilité de savoir d'où il provient. Le don restera donc officiellement anonyme, même si c’est un secret de polichinelle dans le canton d’Amikuze et même au-delà que le maire lui-même est ce fameux donateur "anonyme".

Autre élu d’opposition, Charles Massondo, regrette que la municipalité "ne privilégie pas les projets sur la commune", sachant que la MSP était d’abord envisagée au centre-ville, sur la propriété d'un privé, M. Barbaste, et qu’elle se retrouverait donc sur la commune d’Aïcirits. Roger Mendivé, premier adjoint, quelque peu exaspéré par le débat, finit par lâcher un "arrête ton cinéma" à C. Massondo, ou comment vouloir couper un débat qui dérange.

Dans ces échanges tendus, Claudine Biscay, elle aussi élue d'opposition, regrette la forme et la façon de faire : "on apprend la réalité de ce projet par la presse, avec tout ce qui se cache derrière, notamment des règlements de comptes personnels qui viennent polluer les décisions qu’on doit prendre en conseil. Si les professionnels de santé se retirent du projet, l’hôpital aussi se retirera", ajoute-t-elle. Le maire rappelle que les professionnels de santé ont décidé d’aller à la Villa Florence, par vote. "Ils étaient obligés, lui répond C. Biscay, ils n’avaient pas le choix".

Extebe Irola demande alors que le vote se fasse à bulletin secret, ce qui a tendu un peu plus l’ambiance déjà électrique, en cette soirée d’orage. Finalement, les élus de Saint-Palais ont décidé de s’approprier la Villa Florence, pour un montant de 450 000 euros, à 12 voix pour (majorité) et 4 contre (opposition).

Des vigiles aux fêtes de Saint-Palais

Autre sujet qui a fait débat lors de cette soirée, la décision déjà prise par la mairie d’embaucher pour les fêtes de la Madeleine des vigiles pour les soirées de samedi, dimanche et mardi. Devant l’incompréhension des élus de l’opposition, "il n’y a jamais eu de problèmes dans ces fêtes, pourquoi mettre des vigiles qui vont justement donner une mauvaise image ?", un élu de la majorité annonce que les gens du voyage ont annoncé leur arrivée à Saint-Palais le dimanche des fêtes, et que ces deux vigiles permettraient de les empêcher de s’installer. L’argument ne tenant pas forcément la route, ses collègues viennent à sa rescousse en évoquant l’aspect sécuritaire, "la Gendarmerie qui n’a pas les effectifs nécessaires nous l'a conseillé". Des vigiles feront donc leur apparition aux fêtes de Saint-Palais pour la première fois cette année.

Enfin, Gilbert Harguindéguy, élu de la majorité, annonce à ses colistiers que la mairie de Saint-Palais est au tribunal avec un de ses administrés, François Barbaste, le même qui avait vendu à la CAPB le terrain pour y faire la MSP, opération qu’aura finalement réussi à faire échouer le maire de Saint-Palais. Furieux d'entendre les propos de G. Harguindéguy concernant cette affaire, François Barbaste présent dans la salle a bondi, en demandant à l’élu de retranscrire mot pour mot les propos tenus. Durant plusieurs minutes, sans être interrompu, il a énuméré les "nombreuses magouilles" mises en place par certains des élus présents, en les désignant. Durant quelques minutes, on a entendu les mouches voler dans la salle de la mairie, et sans aucun autre commentaire ni réponse à M. Barbaste, la réunion s’est poursuivie.

Le conflit qui oppose la mairie de Saint-Palais et M. Barbaste ne semble pas près de s’éteindre. Diverses procédures au tribunal ont été engagées, et d’autres semblent sur le point de l’être. Les invectives et menaces tenues lors de ce conseil municipal, le ton sur lequel elles ont été prononcées, donnent à croire que l’on entendra très bientôt reparler de Saint-Palais. Pas sûr que ça le soit en termes positifs.