Goizeder TABERNA

Le deuil à des centaines de kilomètres

Lourdes Arronategi Uriarte, mère des prisonniers Eneko et Ibon Goieaskoetxea, est morte ce mardi 20 février.

Lourdes Arronategi Uriarte s'était installée à Biarritz en 1975. DR
Lourdes Arronategi Uriarte s'était installée à Biarritz en 1975. DR

Elle s’est éteinte loin de ses fils incarcérés à plus de 700 kilomètres chacun : Eneko se trouve dans une prison galicienne, Ibon, dans celle d’Arles. Lourdes Arronategi Uriarte est décédée ce mardi matin 20 février à Txukene, sa maison natale de Busturia (Bizkaia). Ses obsèques auront lieu dans cette commune, jeudi ou vendredi, lorsqu’Eneko Goieaskoetxea recevra l’autorisation de s’y rendre.

L’éloignement les a empêchés, lui et son frère, de voir leurs parents âgés. Cela faisait déjà quatre ans qu’ils ne voyaient plus leur père malade lorsqu’il est mort en mai dernier et deux ans que Lourdes Arronategi Uriarte n’était pas retournée en Galice visiter son fils. Elle venait de souffler ses 80 bougies la semaine dernière. "La dispersion a eu des conséquences évidentes sur la santé de notre mère", raconte un de ses fils, Zigor.

Pourtant, elle n'avait pas l’habitude de pleurer sur son sort. Dans un entretien paru en 2016 dans le quotidien Berria, elle mettait en avant la gravité de la situation vécue par ses fils plutôt que la sienne. "Ce que nous vivons est très dur, mais c’est encore plus dur pour ceux qui ne l’ont jamais vécu. Nous, nous savons ce que c’est…", y affirmait-elle. Et pour cause, son père combattant, membre de la première promotion de la Ertzaintza, puis résistant en territoire français, avait lui aussi connu la détention. Plus tard, Lourdes avait pris à son tour la route vers le nord accompagnée de son mari et ses cinq fils. "Réfugiée à Biarritz, elle a continué à lutter… jusqu’au bout, comme une gudari", soupire Zigor.

Ibon a vu sa mère pour la dernière fois en novembre dernier. "Ama était revenue du voyage à Arles très fatiguée", se souvient Zigor. Ibon devra faire son deuil loin des siens, il ne sera pas aux funérailles, célébrées hors du territoire français.

Une poignée de prisonniers basques incarcérés en territoire français ont pu assister aux obsèques d’un proche au cours de ces dernières décennies. "Zigor Garro est le dernier après de longues années sans que cela n’arrive", explique son avocate Maritxu Paulus Basurco. Originaire d’Orereta (Gipuzkoa), Zigor Garro a pu faire ses adieux à sa maman jeudi dernier, à la chapelle de Socoa.