Chloé REBILLARD

A Oloron, la fermeture de la maternité donne le jour à des référés

La maternité d’Oloron a officiellement fermé ses portes à la mi-décembre 2017. Les opposants à sa fermeture n’ont pas désarmé et jouent désormais sur le terrain judiciaire. 

La maternité de Saint-Palais et celle de Pau accueillent désormais les futures mères. Une situation inacceptable pour les opposants à la fermeture de la maternité d'Oloron car il faut parfois plus d'une heure aux mères pour rejoindre l'un des deux c
La maternité de Saint-Palais et celle de Pau accueillent désormais les futures mères. Une situation inacceptable pour les opposants à la fermeture de la maternité d'Oloron car il faut parfois plus d'une heure aux mères pour rejoindre l'un des deux c

Une femme a accouché à l’hôpital d’Oloron, le 15 janvier 2018. Quelques mois auparavant, la phrase aurait parue anodine. Depuis la fermeture officielle du service maternité le 15 décembre dernier, cette phrase n’aurait plus dû être prononcée ou écrite. Et pourtant. L’accouchement était difficile et devait se faire en urgence, car l’enfant se présentait par le siège. Quand il y a urgence, la distance qui sépare les futures mères du Haut-Béarn et de Soule des maternités de Pau ou de Saint-Palais, peut s’avérer infranchissable dans de bonnes conditions. 

C’est le constat que fait Robert Bareille, directeur de l’association "SOS proximité" qui défend l’accès à la santé de proximité pour tous, et par ailleurs membre du PCF et élu municipal d’Oloron dans l’opposition. Son association se bat depuis des années pour le maintien du service de maternité à l’hôpital d’Oloron. Et malgré la fermeture désormais effective, ils n’ont pas rendu les armes et croisent le fer sur le terrain juridique. 

Robert Bareille fait le point sur leur action : "le premier référé en suspension que nous avons déposé ne nous a pas donné raison. Désormais, une décision doit être rendue sur le fond et devrait intervenir fin 2018 ou début 2019. Ceci étant, nous n’attendrons pas le jugement sur le fond. Chaque fois qu’il y aura des éléments nouveaux susceptibles de justifier une réouverture des débats, nous déposerons un nouveau référé en suspension." Premier élément susceptible de changer la donne : l’accouchement en urgence du 15 janvier dernier. Aux yeux de l’association, il prouve la nécessité d’avoir un service de maternité proche pour les futures mères. La demande de référé en suspension est en préparation et devrait être déposée rapidement. 

Jean Lassalle remonté contre Macron

Autre opposant à la fermeture de la maternité, autre méthode. Jean Lassalle, député de la IVème circonscription basco-béarnaise, celle d’Oloron, a pris sa plume pour écrire au président Emmanuel Macron. La réponse du cabinet présidentiel qui reprenait point par point les arguments de l’ARS (Agence Régionale de la Santé) pour justifier de la fermeture a quelque peu déplu au député. Patrick Strozda faisait ainsi valoir le manque de sécurité, la difficulté à recruter et un nombre de naissances insuffisant pour maintenir le service.  

Dans sa réponse, Jean Lassalle se montre cassant et enjoint Emmanuel Macron à "demander à vos collaborateurs de ne pas se contenter de notes, rapports et convictions toutes faites et jamais démontrées qui circulent sous le sceau d’une terrifiante lâcheté". Et Robert Bareille de commenter les arguments servis par la communication présidentielle : "selon les informations que l’on a, les événements indésirables de l’année 2017 mis en avant par l’ARS n’existeraient pas. Ils n’ont pas été retenus par l’enquête comme des événements indésirables." Exit donc le manque de sécurité. 

Quant au nombre de naissances insuffisant, Robert Bareille balaie : "certaines femmes ont pris leurs dispositions pour accoucher ailleurs dès 2017, face aux rumeurs de fermeture de la maternité." Selon lui, l’éloignement des services accessibles de la maternité rendrait aussi plus difficile le choix de faire un enfant : "dans certaines vallées, des femmes disent, après avoir eu un ou deux enfants, avec parfois des accouchements difficiles, qu’elles renonceraient à avoir des enfants supplémentaires s’il fallait aller sur Pau."