Goizeder TABERNA

L'échappée se terminera à Urepel

Un trail en mémoire de la grande évasion du fort navarrais d’Ezkaba est organisé le 21 avril prochain. Il reliera le lieu duquel 795 personnes s’étaient évadées au village d’Urepel.

Les participants de la course auront 11 heures pour atteindre la ligne d'arrivée. (Photo d'archive) © IÑIGO URIZ - ARGAZKI PRESS
Les participants de la course auront 11 heures pour atteindre la ligne d'arrivée. (Photo d'archive) © IÑIGO URIZ - ARGAZKI PRESS

Il s’appelait Jovino Fernandez. Et de lui, les habitants d'Urepel ne sauront que bien peu de choses. Si ce n’est qu’il avait atterri dans ce village après s’être évadé de la prison d’Ezkaba, proche d’Iruñea (Pampelune), le 22 mai 1938. Sur les centaines de fugitifs d’Ezkaba, il est le seul à avoir fini sa course dans le village bas-navarrais. Et c'est une course pédestre qui va remémorer cette période sombre de l’histoire de la guerre civile. La Fuga Trail aura lieu le samedi 21 avril et parcourra les 53 kilomètres qui séparent le fort d’Ezkaba d’Urepel.

Les coureurs emprunteront le sentier GR 225- La Fuga de Ezkaba, balisé par des bénévoles soucieux de faire vivre la mémoire de l’évasion. La Fédération navarraise de Montagne devrait l’homologuer d’ici le printemps. "Dans notre vallée, nous avons l’habitude des trails, mais celui-ci a le dessein de conserver la mémoire historique", explique le maire d’Urepel Michel Ernaga. "Ici, nous avons vu beaucoup de personnes en fuite dans toutes les époques, notamment pendant la guerre civile." Dans ce contexte, il semblerait que Jovino Fernandez n'ait pas vraiment marqué les esprits à Urepel.

Le projet de balisage fait partie d’un programme de mémoire historique plus vaste porté par l’actuel gouvernement de Navarre, le Projet Ezkaba. Un travail de commémoration, mais également d’identification des restes découverts ces dernières années, grâce au concours de la société Aranzadi, après des décennies d’amnésie.

Evasion exceptionnelle

Le travail accompli a inspiré le club Kirol Bat Taldea. Ainsi, il organise l’événement sportif du mois d’avril dont le dénivelé positif est de 1 911 mètres, et le dénivelé négatif, de 2 380 mètres. Son objectif est d’atteindre 795 participants, comme les 795 fugitifs de 1938. D’après l’information parue dans le site d’information Naiz, 350 coureurs se sont déjà inscrits et les inscriptions restent ouvertes jusqu’au 15 avril.

Le départ sera donné à l’intérieur du fort, lieu où s’est déroulée cette évasion exceptionnelle par son ampleur mais aussi par la répression qui s’en est suivie. "En quelques jours, 585 détenus ont été capturés, 206 ont été tués pendant la fuite, 14 fusillés à Iruñea et 46 morts dans le fort, dans les années qui ont suivi", rappelle le journaliste Iñaki Vigor, de Naiz.

Seulement trois hommes avaient réussi à traverser les Pyrénées. Les compagnons de Jovino Fernandez étaient passés par Ibañeta, d'après le travail fouillé qu'offre Fermin Ezkieta dans un livre intitulé "Les fugitifs du fort d’Ezkaba" (éd. Pamiela). Ce dernier a recueilli le témoignage détaillé de la fille du fugitif d'Urepel.

Survivants de l'évasion d'Ezkaba en 1988.

Situé à 895 mètres d’altitude, le fort navarrais était devenu une prison après le coup d’Etat franquiste de 1936. Au bout de deux ans, il retenait entre ses murs 2 487 détenus. La plupart originaires de différentes régions espagnoles ne connaissaient pas la région, encore moins les voies d'accès au Pays Basque Nord.