Xan Idiart

Le test pour mesurer le niveau d'aphasie bientôt en basque

Marie Pourquié et Amaia Munarriz Ibarrola, deux chercheuses en neuropsycholinguistique sont en train d'adapter le Cat (Comprehensive aphasia test) en euskara. Il s'agit du test permettant d'évaluer le niveau d'aphasie d'une personne.

Amaia Munarriz Ibarrola et Marie Pourquié adaptent le CAT en basque, le test qui permet de mesurer le niveau d'aphasie d'une personne. © Isabelle Miquelestorena
Amaia Munarriz Ibarrola et Marie Pourquié adaptent le CAT en basque, le test qui permet de mesurer le niveau d'aphasie d'une personne. © Isabelle Miquelestorena

Dans les prochaines années, le CAT (Comprehensive aphasia test) se fera en basque. Ce test permet d'évaluer le niveau d'aphasie d'une personne. Pour rappel, l'aphasie est la perte totale ou partielle de la capacité de parler ou de comprendre un message parlé. Souvent, cette incapacité survient suite à un Accident vasculaire cérébral (AVC).

Le test Cat a vu le jour en 2005 pour les anglophones, mais Marie Pourquié et Amaia Munarriz Ibarrola deux chercheuses en neuropsycholinguistique sont en train de l'adapter pour l'euskara. Elles font partie toutes les deux d'un réseau international, le Collaboration of Aphasia Trialists (Cats). A l'intérieur de ce réseau, des personnes s'occupent d'adapter le test Cat dans différentes langues.

“Même s'il y a besoin d'un test standard pour mesurer l'aphasie dans toutes les langues, les exercices doivent différer en fonction des spécificités de chacune” explique Marie Pourquié. Un exemple concret : un exercice dans ce test consiste pour la personne aphasique à montrer du doigt le mot qu'il vient d'entendre. Pour cela on utilise des mots qui se ressemblent phonétiquement.

En anglais, "goat" et "coat" se ressemblent, mais leurs équivalents en basque "ahuntza" et "paltoa" non. De même qu'en français "chèvre" et "manteau" ne sont pas phonétiquement ressemblants. Par conséquent, les deux chercheuses préferent utiliser en basque "ardia" et "argia", ou "ardoa" et "artoa".

Mieux connaître l'aphasie pour mieux la traiter

Elles pensent que l'adaptation du Cat en euskara constitue une avancée dans le traitement de l'aphasie au Pays Basque. Jusqu'à présent, les personnes bascophones dans cette situation doivent souvent suivre une thérapie en français pour retrouver un certain usage de la parole.

La grande majorité des victimes d'un AVC sont des personnes âgées. Dans cette catégorie de la population, beaucoup ont pour première langue l'euskara, surtout au Pays Basque intérieur. L'existence du Cat en basque permettrait à beaucoup de bascophones de suivre une thérapie dans leur langue maternelle.

Cependant, en dehors du Cat et de la thérapie qui en découle, Marie Pourquié voudrait que l'aphasie soit plus connue. "Quand une personne un petit peu âgée commence à avoir des problèmes de locution et mélange des mots, on pense de suite à la maladie d'Alzheimer, ou alors on se dit qu'elle perd la tête. Elle peut aussi avoir été victime d'un AVC”.

Même si cela paraît surprenant, toutes les personnes qui en sont victimes ne s'en rendent pas forcément compte. Cela peut laisser des séquelles à vie, notamment dans le domaine de la parole. Un AVC doit être traité quatre heures après être survenu. Difficile si l'on ne s'en aperçoit pas.