Caroline MALCZUK

L'urgence d'un logement

Trois associations, qui participent aux entretiens d'Inxauseta ce vendredi, seront autour de la table pour parler des "oubliés du logement" à 10 heures. L'Observatoire international des prisons, l'Espace de vie pour adultes handicapés 64 et Atherbea donnent leurs priorités pour la rentrée.

Les entretiens d'Inxauseta ont chaque année lieuà Bunus. © Bob EDME
Les entretiens d'Inxauseta ont chaque année lieuà Bunus. © Bob EDME

Loger pour lutter contre la récidive
Gabi Mouesca, de l’Observatoire international des prisons, part d’un constat. En 2011, 7% des personnes entrées en prison se déclaraient sans domicile fixe et 14% des personnes sorties déclaraient ne pas disposer d’une solution d’hébergement. "Cette population a doublé." Or, selon lui, le logement est "une question de sécurité publique" en ce qui concerne les personnes qui sortent de prison. "C’est une manière de lutter contre la récidive" affirme-t-il même.

Beaucoup de détenus coupables de délit voire de crime étaient dans une situation de "rupture" avec la société avant la prison. "Le temps de détention ne fait qu’accroître cette rupture là" souligne-t-il. L’OIP, section française, demande alors "que le passage par la case prison ne soit plus un facteur de désocialisation". Selon lui, deux réponses sont possibles dans ce sens : moins d’incarcération - l’OIP-SF souligne notamment dans son chiffre du mois que l’État "condamne deux fois plus pour usage simple [de stupéfiant] que pour transport ou détention" - et par "un renforcement des moyens humains et financiers des services sociaux" qui accompagnent les ex détenus.

Deux projets pour les adultes handicapés
L’Espace de vie pour adultes handicapés des Pyrénées Atlantiques a déjà deux projets phare pour les années à venir. Le premier est la création d’un établissement avec un bailleur social en milieu rural à Ostabat. Comme à Hasparren et Urrugne, il se baserait sur un système de colocation et de mutualisation. Du loyer, des APL, du personnel éducatif... C'est l'EVAH qui gère alors l'appartement et les huit à dix personnes qui l'habitent. L'objectif est de "leur permettre de vivre dignement", indique Iñaki Çaldunibe, qui rappelle que le revenu de ce public est en moyenne de 800€ seulement.

Le second est le projet Baita. Il consiste à développer des T1 de type HLM dans un parc immobilier de Saint-Jean-de-Luz pour les adultes en situation d’handicap qui peuvent travailler. "Ce sont des personnes qui ont une certaine autonomie" rappelle Iñaki Çaldunibe. L'EVAH est dans l'attente de savoir quel sera le schéma régional et surtout le schéma départemental, son financeur principal, pour les années à venir. "Pour nous, le plus tôt sera le mieux" pour faire émerger ces projets. Car les adultes handicapés étant une population vieillissante, "les besoins pourraient changer d'ici 5 à 10 ans".

Coupler logement et accompagnement
"Il y a un manque de places évident sur le territoire. On ne peut pas répondre à l’ensemble des demandes" regrette Pantxika Ibarboure, directrice d’Atherbea. La demande d’attente pour un HLM est actuellement de 3 ans au Pays Basque, indique-t-elle. Concernant les Centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), il faut attendre "plusieurs semaines pour un logement qui sera temporaire". Il est donc "essentiel de produire des logements sociaux" pour elle.

Atherbea accueille un public avec des situations diverses : expulsés de logement, femmes victimes de violences conjugales, employés précaires… "Pour nous, les enjeux dans les mois qui viennent est de permettre d’assurer la continuité des parcours." C’est à dire d'offrir des solutions de logement adaptées qui permettent à ces personnes en difficulté de se stabiliser. Et non de rester dans l’urgence. Mais le logement ne fait pas tout, bien qu’il soit "une réponse centrale et importante", insiste-t-elle. L’accompagnement social est aussi important. Les personnes sans logement, aussi diverses soient elles, ont souvent en commun "un parcours de vie très abîmé".