Goizeder TABERNA

Désarmement : Bruno Le Roux oppose une 'fin de non-recevoir' à la société civile

Le ministre de l'Intérieur maintient sa ligne, rendue publique lors de l'opération de Louhossoa. Pour Jean-Noël Etcheverry -Txetx- "le Gouvernement socialiste n’est pas à la hauteur des circonstances".

Bruno le Roux © intérieur.gouv
Bruno le Roux © intérieur.gouv

Le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux a répondu à l’appel des "artisans de la paix" par un communiqué. "Seule l’autorité judiciaire est habilitée à se saisir [des armes et des explosifs d’ETA]", a-t-il affirmé.

Il a écarté toute possibilité de négocier les modalités de leur remise, faisant référence aux garanties de sécurité exigées par les responsables délégués du désarmement d’ETA, Michel Berhocoirigoin, Jean-Noël Etcheverry "Txetx" et Michel Tubiana. A savoir celles de garantir la sécurité des personnes qui détiennent ses armes et la possibilité d'un contrôle de la remise.

"L’unique solution pour un désarmement dans le respect de la loi est de signaler la localisation de ces armes aux autorités", écrit-il par ailleurs. A Biarritz, M. Berhocoirigoin a expliqué à MEDIABASK que "l’Etat aura ces informations s’il rentre dans notre dispositif, dans un cadre technique validé par nous".

Utilisant le même argument qu’en décembre 2016, lors des arrestations de Louhossoa, Bruno Le Roux a réitéré que "toute manipulation de ces pièces à conviction est de nature à entraver l’action de la justice et la manifestation de la vérité".

Dissolution

Puis il a conclu : "Si, par ailleurs, l’ETA entend procéder à sa dissolution et se soumettre à la loi, il lui appartient de remettre toutes ses armes de part et d’autre de la frontière." Ainsi, le ministre de l'Intérieur renie toute implication de la société civile, continuant à s'en référer uniquement à ETA. M. Berhocoirigoin a pourtant déclaré au forum que lui et ses compagnons ne sont pas "des sous-traitants d'ETA mais des êtres libres".

Pour Jean-Noël Etcheverry, ce communiqué est "une fin de non-recevoir". "Pour le Gouvernement, on peut continuer cinq ans de plus avec un climat de tension artificiel", a-t-il réagi. Il considère que le Gouvernement socialiste n’est pas à la hauteur des circonstances.

La réponse de Beauvau intervient alors que Mariano Rajoy a pour sa part réitéré cet après-midi son exigence d’une dissolution immédiate de l’ETA, au cours d’un meeting au Pays Basque Sud, à Gasteiz. "Le Gouvernement espagnol appliquera la loi, comme il l’a fait jusqu’à maintenant", a-t-il déclaré selon l’AFP. "Et je suis absolument convaincu que le gouvernement français fera de même, comme il l’a toujours fait, voilà la position du gouvernement".

"L'intelligeance de gérer autrement"

"J’ose espérer que ce n’est pas un avis définitif du Gouvernement français, qu’il aura l’intelligence de gérer autrement [cette question]", a ajouté le militant de Bizi !. Dans tous les cas, il reste déterminé à poursuivre le chemin entrepris ces derniers mois, fort de la détermination manifestée par la société civile ce samedi matin, à Biarritz.

Lundi, le Premier ministre Bernard Cazeneuve devrait être en déplacement à Pau. Va-t-il réitérer les déclarations favorables au dialogue prononcées à Hendaye en 2015 ou va-t-il se contenter de suivre la ligne de son ministre de l'Intérieur ?