Bénédicte Saint-André

Pour Michel Tubiana, le ministre de l'Intérieur s'enferre dans le mensonge

Après avoir salué l'opération de Louhossoa, Bruno Le Roux a estimé que "personne n’a le droit de se proclamer destructeur d’armes". Triomphalisme déplacé et mensonge éhonté pour Michel Tubiana, président d'Honneur de la Ligue des droits de l'Homme et un des artisans de l'opération. 

Michel Tubiana, avocat et président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme a toujours milité en faveur de la paix au Pays Basque. © LDH
Michel Tubiana, avocat et président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme a toujours milité en faveur de la paix au Pays Basque. © LDH

En marge d'un déplacement dans les Yvelines ce samedi matin, le ministre de l'Intérieur français s'est exprimé à propos de l'opération de police ayant eu lieu cette nuit à Louhossoa. "En matière de terrorisme, toutes les preuves doivent pouvoir concourir à la justice. Personne n’a le droit de se proclamer destructeur d’armes et éventuellement de preuves", a-t-il déclaré.

Pour Michel Tubiana, président d'Honneur de la Ligue des droits de l'Homme qui aurait dû participer à l'opération, cette déclaration équivaut à battre en retraite. "Je n'ai pas pour métier de détruire des armes. Cela a été pensé en réaction à l'autisme des gouvernements qui refusent d'entendre la volonté de désarmement", explique-t-il.

Au sujet d'une éventuelle destruction de preuves, "cet homme-là nous prend vraiment pour des imbéciles, estime-t-il. Il s'agissait de faire un simple trou dans les armes, cela n'aurait empêché aucune expertise. Bruno Le Roux s'enferre dans le mensonge".

La déclaration du ministre de l'Intérieur intervient après la publication d'un communiqué tard dans la nuit où il se félicitait d'une telle opération et informait d'une interpellation d'"individus en relation avec l’organisation terroriste ETA".

"Si les autorités ont procédé aux arrestations, c'est qu'elles étaient au courant de cette opération. Par conséquent, elles n'ont pas pu imaginer un seul instant qu'il s'agissait de complicité. Elles savaient pertinemment qu'il s'agissait de détruire les armes et de les livrer aux pouvoirs publics. Il y a là un triomphalisme déplacé et un mensonge éhonté", assène Michel Tubiana.