Justine Giraudel

Toujours à l'isolement, Itziar Moreno entame une grève de la faim

Placée à l'isolement depuis plus de trois semaines, la détenue Itziar Moreno vient d'entamer une grève de la faim hier, lundi 23 mai.

Rassemblement à Bilbo, vendredi 20 mai. © ARGAZKI PRESS
Rassemblement à Bilbo, vendredi 20 mai. © ARGAZKI PRESS

Itziar Moreno, détenue basque placée à l'isolement dans la maison d'arrêt de Fresnes début mai, vient d'entamer une grève de la faim, lundi 23 mai. Selon l'association Etxerat, son transfert vers un autre établissement pénitentiaire lui a été notifié sans qu'elle n'en connaisse ni la destination ni la date.

Le 2 mai dernier, Itziar Moreno était placée à l'isolement "pour une durée indéterminée" dans la maison d'arrêt des femmes de Fresnes, désignée par la direction comme l'instigatrice des mouvements des détenues réclamant des conditions d'incarcération dignes. Un isolement qui s'éternise : Muriel Lucantis, de l'association des familles de prisonniers Etxerat, a relayé la grève de la faim entamée par la détenue ce lundi. Et ce, jusqu'à ce qu'elle sorte de l'isolement.

Les autres détenus basques, hommes et femmes, maintiennent leurs actions en solidarité avec I. Moreno pour dénoncer sa mise à l'écart. Une mesure dénoncée comme "une torture blanche" par les organisations internationales de défense des droits de l'Homme.

Début mai, Ekhiñe Eizagirre et Iratxe Sorzabal, les deux autres détenus basques incarcérées à Fresnes, avaient forcé leur entrée au mitard en solidarité avec I. Moreno. Hier, en signe de protestation, la première s'est elle aussi mise en grève de la faim tandis que la seconde a refusé certains repas. Elles ont prévenu qu'elles n'accepteraient pas que leur camarade se retrouve dans une autre prison seule, sans autre détenu basque.

Dans la même dynamique, cinq détenus basques de la Maison d'arrêt des hommes de Fresnes mènent une grève de la faim depuis le 10 mai dernier, "jusqu'à ce que la situation d'Itziar Moreno se régularise". Oier Gomez et Kepa Arkauz, tous deux incarcérés à Meaux, ont aussi initié une grève de la faim. La semaine dernière, depuis leur cellule, les détenus basques de la prison d'Osny rejoignaient le mouvement menant leurs propres actions (rassemblements, courriers à leur direction).

Des centaines de personnes rassemblées

Vendredi 20 mai, le Comité de solidarité avec le peuple basque (Paris) se rassemblait devant la Maison d'arrêt des hommes de Fresnes, en présence du militant anarchiste Lucio Urtubia. Le même jour, une délégation de soutiens d'Itziar Moreno remettait un courrier au consul de l’État français, à Bilbo. Ses proches y revenaient sur l'origine de l'isolement de la jeune femme, un châtiment "disproportionné" dont la campagne de sensibilisation a d'ores et déjà abouti à l'envoi de nombreux courriers.

Parmi les émissaires, la porte-parole de Sortu Amaia Izko a évoqué des mesures érigées sur "la vengeance à l'égard des détenus politiques" pour "mettre en difficulté la résolution du conflit", appelant à l'union des forces pour en finir avec l'isolement et la dispersion. Un point de vue partagé par la co-présidente du Comité des droits de l'Homme au Pays Basque Anne-Marie Michaud dans une interview accordée à MEDIABASK.

Au Pays Basque Sud, les rassemblements se sont multipliés. Le 20 mai, des centaines de personnes se mobilisaient dans une trentaine de villes et de villages. Et de Donostia à Errenteria (Gipuzkoa), d'Iruñea (Nafarroa) à Gasteiz (Araba) et Algorta (Bizkaia), résonnait la solidarité avec les détenus basques.