Bénédicte Saint-André

Lorentxa Guimon et le processus de paix

La députée Sylviane Alaux rencontrait Lorentxa Guimon mercredi avec Paul Molac. Ce jeudi, dans le cadre des questions au gouvernement, elle interrogeait le ministre de l'Intérieur sur le processus de paix. Deux problématiques éminemment liées.

Il y a le cas Lorentxa Guimon et il y a sa cause. Détenue malade et basque, les deux sont indissociables. En la réduisant à une "affaire individuelle", la Chancellerie se fait l'écho du refus de l'exécutif de s'engager dans le processus de paix. Un refus réaffirmé lors des questions au gouvernement ce jeudi.

Dans ce cadre, la députée Sylviane Alaux interroge le ministre de l'Intérieur sur la position du gouvernement dans le processus de paix. Une démarche singulière sur les bancs de l'assemblée qui n'est pas sans rappeler la conférence de Paris de juin 2015. En l'absence de Bernard Cazeneuve, Clotilde Valter  lui répond que " la dissolution de l’organisation ETA et son désarmement effectif constituent deux conditions préalables et indispensables à la concrétisation d’un tel processus".

Par ailleurs, la députée défend le rapprochement des prisonniers et la requalification de leur peine, démontrant une nouvelle fois que leur traitement est intrinsèquement lié à la résolution du conflit. "Ils ont été condamnés pour des actes terroristes et leur suivi, faut-il le rappeler, relève de la seule compétence de l’autorité judiciaire", lui assène la secrétaire d'Etat.

C'est pourtant bien la Chancellerie que les députés ont choisi d'alerter concernant Lorentxa Guimon. Ainsi l'explique Sylviane Alaux, " il ne s'agit pas de remettre en cause l'indépendance de la justice. Mais, le peuple exprime sa désapprobation sur ce dossier. Nous faisons remonter sa voix. Et nous disons aux ministres qu'ils doivent l'entendre et se prononcer".

Pour faire remonter cette voix, la députée précise "avoir rencontré de nombreuses fois Christiane Taubira. Elle a entendu ce que je lui ai dit. Mais je pense qu'elle était verrouillée dans ce gouvernement". Quid de Jean-Jacques Urvoas ? Il refuse pour l'instant de s'exprimer sur la question.

Or, en érigeant son cas personnel en figure de proue, les différentes mobilisations en faveur de Lorentxa Guimon font du silence de l'exécutif à son endroit un silence face à la paix. "Il ne faut surtout pas qu'ils aient leur martyr" rapporte-t-on des propos de  François Mitterrand à l'égard des militants basques. Chaque politique en responsabilité pèse le risque d'un effet Bobby Sands, l'impact de la personnification.

En interpellant le gouvernement sur Lorentxa Guimon, les partisans de la résolution du conflit ne s'y trompent pas. Peuple et parlementaires, députés de la majorité y compris, se heurtent pour l'instant à une fin de non recevoir de sa part. Mais, la décision du 25 février sur sa libération conditionnelle outrepassera sans nul doute son parcours individuel.