Ainhoa AIZPURU

Bilbo : premières plaintes contre Amazon

L’installation du géant du e-commerce Amazon au Pays Basque ne se fait pas précisément dans le calme. Le syndicat UGT a dénoncé une fraude auprès de l’Inspection du travail : la multinationale emploierait des livreurs sous le statut de travailleurs indépendants dans l’usine de Trapagaran, en Bizkaia.

Amazon a ouvert début juillet un centre logistique à Trapagaran. © Luis JAUREGIALTZO/FOKU
Amazon a ouvert début juillet un centre logistique à Trapagaran. © Luis JAUREGIALTZO/FOKU

Les premières plaintes relatives aux conditions de travail n’ont pas tardé à l’usine d'Amazon à Bizkaia. A peine quelques semaines après son ouverture, un syndicat local a dénoncé que les livreurs figurent en tant que travailleurs indépendants, alors que ce seraient des employés. Pour l’instant, Amazon s’est contenté de démentir, mais n’a pas voulu collaborer avec les autorités.

C’est au début juillet de cette année qu'Amazon, le géant du commerce par Internet, a procédé à l’ouverture de son premier centre logistique du Pays Basque. Installée sur 8 000 mètres carrés dans les locaux désaffectés de l’ancienne aciérie Babcock Wilcox à Trapagaran, la multinationale a annoncé la création de plus de 50 postes de travail pour desservir l’agglomération de Bilbo. Certains y voient un symbole : le remplacement de l’industrie basque avec son puissant syndicalisme par un service de e-commerce au travail précarisé.

En effet, les premières réclamations relatives aux conditions de travail sont vite arrivées. Le 1er août, le syndicat UGT a annoncé avoir déposé les premières plaintes auprès de l’Inspection du travail de Bizkaia pour fraude. D’après le syndicat, les travailleurs sont inscrits en tant que travailleurs indépendants, un statut similaire à celui d’auto-entrepreneur, alors que ce serait en réalité des employés.

"Il existe clairement une relation de travail entre les livreurs et l’entreprise" a signalé le syndicat basque. UGT relève que c’est Amazon qui décide quels paquets doivent être livrés et où ils doivent l'être et ce serait également l’entreprise qui fixerait le nombre d’heures et les conditions de travail. Les représentants syndicaux y voient des similitudes avec le cas de Glovo, la plateforme de livraison à domicile plusieurs fois condamnée dans l’Etat espagnol pour fraude par rapport aux conditions de travail.

Une entreprise aux pratiques contestées

Ce n’est pas la première fois que les pratiques de la multinationale sont dénoncées par des mouvements sociaux. Dans l’Hexagone, plusieurs centres logistiques ont fait l’objet de blocages et autres formes de protestation. Début juillet, des centres logistiques ont été bloqués à Clichy (Hauts-de Seine), ainsi qu’à Lille et Toulouse par ANV-Cop21, les Amis de la Terre et des Gilets jaunes. Au total, les entrepôts Amazon ont été bloqués 17 fois cette année dans l’Hexagone.

Ces mouvements dénoncent "l’évasion fiscale menée par le groupe, les conditions de travail et le bilan net négatif de création d’emplois". En effet, même si l’installation de ces entrepôts crée des emplois, ils seraient de mauvaise qualité et le développement du e-commerce en détruirait un nombre supérieur encore. Ils dénoncent également les pratiques consistant à détruire des produits neufs pour ne pas faire baisser les prix, ce qui est désastreux d'un point de vue environnemental.