Anaiz Aguirre Olhagaray

L’enseignement bilingue à un “tournant” de son histoire

Les membres d’Ikas Bi ont rencontré mercredi 12 juin Jean-René Etchegaray. D’après eux, le président de la Communauté d’agglomération serait prêt à “prendre une initiative inédite”. Pour sa part, l’association pour l’enseignement bilingue dans les écoles publiques envisage une prochaine mobilisation le 2 juillet.

Ikas Bi a édité une plaquette pour sensibiliser les parents à la poursuite d'études en bilingue au collège et au lycée. © Guillaume FAUVEAU
Ikas Bi a édité une plaquette pour sensibiliser les parents à la poursuite d'études en bilingue au collège et au lycée. © Guillaume FAUVEAU

Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle, prévient le président d’Ikas Bi Thierry Delobel. La bonne, c’est qu’une enquête menée auprès des parents d’élèves révèle que ceux-ci sont beaucoup plus confiants dans le système éducatif bilingue qu’il y a deux ans (voir interview associée). La mauvaise, c’est que le gouvernement campe toujours sur ses positions.

Des positions "idéologiques" et "politiques" qui n’ont "plus rien à voir avec la logique pédagogique", fustige Thierry Delobel. "C’est la première fois qu’on se trouve devant un gouvernement qui adopte une telle position", dit-il. Les signaux "inquiétants" venus d’en haut lui donnent "l’impression que l’enseignement bilingue est à un tournant de son histoire".

Pourtant, le nombre d’élèves ne cesse d’augmenter d’année en année. Le système bilingue fait ses preuves et "donne d’excellents résultats. Nous sommes une niche d’excellence", affirme avec fierté le président d’Ikas Bi. Mais à la rentrée 2019, les écoles vont se retrouver en sureffectifs. Le seuil de 22 élèves par groupe en élémentaire et 25 élèves en maternelle va être "largement dépassé" dans neuf écoles bilingues. C’est pourquoi Ikas Bi demande le maintien d’un demi-poste en basque à l’école d’Ainhoa et le maintien d’un demi-poste en français au RPI d’Ahaxe-Mendive.

L’association demande également l’ouverture d’un demi-poste dans chacune des écoles de Saint-Martin-d’Arbéroue/Saint-Esteben, Itxassou, Briscous Les Salines, Bayonne Grand Bayonne, Arcangues, Ciboure Croix Rouge. Enfin, Ikas Bi réclame "le maintien et le développement de l’expérimentation basée sur un temps d’enseignement entièrement en basque".

Etchegaray compte agir

Mercredi 12 juin, les membres d’Ikas Bi ont rencontré le président de la Communauté d’agglomération Pays Basque Jean-René Etchegaray. "Il va prendre une initiative inédite concernant l’interpellation de nos gouvernants", avance Thierry Delobel, sans donner plus de détails. En fait d'initiative inédite, Jean-René Etchegaray nous a confirmé avoir l'intention d'écrire un courrier directement adressé au Président de la République française Emmanuel Macron, ses précédents courriers aux ministres Blanquer et Gourault étant restés lettre morte.

Le président de l’Agglo profiterait de la tenue du sommet du G7 au mois d’août à Biarritz pour porter au chef de l’État en personne les revendications en faveur d’un enseignement bilingue de qualité : "Comme a dit Jean-René Etchegaray, on est chez nous, on va lui montrer le Pays Basque et comment on fonctionne !", sourit Agnès Izagirre d’Ikas Bi.

Les conséquences de la réforme des lycées inquiètent aussi beaucoup l’association éducative. Elle doit se rendre cette semaine au ministère de l’Education nationale pour discuter du programme de terminale. Quant à une future mobilisation, Thierry Delobel reste évasif, mais la date de la prochaine assemblée générale de l’Office public de la langue basque, fixée au 2 juillet, lui "donne quelques idées".