Goizeder TABERNA

Sportifs de haut niveau contre vagues et marées

Depuis qu’ils ont quitté le lycée, Ione et Txomin Lopez Manterola n’ont plus de structure pour les accompagner dans leur préparation aux compétitions de haut niveau de bodyboard. Le manque de spécialités dans le campus d'Anglet ne les aide pas.

Dès qu'ils finissent les cours, les deux sportifs se jettent sur les vagues d'Anglet. © Guillaume FAUVEAU
Dès qu'ils finissent les cours, les deux sportifs se jettent sur les vagues d'Anglet. © Guillaume FAUVEAU

Les vagues s’enroulent devant leurs yeux. Ione et Txomin ont grandi à Hendaye Plage et la mer a toujours été leur horizon. Ils sont sœur et frère jumeaux mais ce n’est pas la seule chose qui les relie. Les deux sont passionnés de bodyboard. Ils sont devenus sportifs de haut niveau très jeunes, mais depuis qu’ils ont quitté le lycée, ils doivent se débrouiller seuls.

Depuis le début de l’année, Ione et Txomin Lopez Manterola évoluent en "open". Un changement de catégorie qu’ils prennent, comme une vague, avec humilité. "Nous sommes jeunes, nous devons concourir avec des personnes de 30 ans. Notre objectif est de bien surfer, de bien gérer les compétitions", explique la jeune fille. Elle, elle a été championne de France ces trois dernières années, dans la catégorie "ondine espoir". Lui a été sacré champion il y a deux ans.

A présent, Txomin se prépare pour l’APB World Tour, un championnat du monde auquel il a goûté l’an dernier alors qu’il n’était qu’un jeune junior. Mais depuis, beaucoup de choses ont changé. Inscriptions, paiements, séjours, tous ces détails incombent aux jeunes sportifs. Quant à l'entraîneur, les deux hendaiar ont de la chance de toujours avoir à leurs côtés celui du club. Ce n'est pas le cas de tout le monde. En revanche, Txomin ne peut plus prétendre au suivi du Pôle espoir de Biarritz.

Ils devront s’éloigner des vagues

A cela s’ajoutent les difficultés à coordonner tout cela avec les études supérieures. Inscrits en première année de Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportive) à Anglet, ils devront s’éloigner des vagues pour poursuivre leur cursus. Ils regrettent que l’offre des études de sport ne soit pas plus étoffée sur le campus basque. Ils souhaitent devenir enseignants et la spécialité correspondante se trouve à Tarbes et à Bordeaux.

Txomin a choisi la seconde option du fait de sa proximité avec les plages de Lacanau. Sa sœur, Tarbes, car elle connaît déjà les enseignants. "Dans ce monde-là, ou on se consacre entièrement à ce sport et on laisse de côté les études, ou on donne la priorité aux études", regrette-t-elle. Contacté par MEDIABASK, Eric Margnes, directeur de la filière STAPS à Tarbes, assure que des sportifs de haut niveau de la côte arrivent à suivre leur cursus universitaire à Tarbes, certains faisant des allers-retours et pouvant aménager les cours.

Le bodyboard n’offre certainement pas le même environnement que les sports d’équipe ou plus structurés. Entre cette discipline et le surf, il y a déjà une différence : le surf fait partie des sports olympiques et concentre d'avantage de moyens. Mais en plus, "aussi bien le surf que le bodyboard ne sont pas comme les autres sports, nos entraînements dépendent de la nature. Nous ne savons jamais quand et où nous allons aller à l'eau et combien de temps nous allons y passer", fait remarquer Txomin.

Ralentissement de sa progression

Déjà cette année, la jeune athlète sent un ralentissement de sa progression qu’elle met sur le compte du manque d’entraînement. Avec son frère, elle a toujours été licenciée à Hendaye Bidassoa Surf Club. Dorénavant, ils ne pensent pas pouvoir suivre le rythme de trois entraînements par semaine, d’avril à novembre. "Nous n’avons pas d’autre choix, nous devrons nous entraîner les week-ends et quand on le pourra", souffle Ione.

Txomin en est conscient, ce n’est qu’en passant du temps dans l’eau qu’il va progresser. La première année de licence dans la poche, dans quelques jours, il part seul pour l’Indonésie. "Là-bas, il y a beaucoup de vagues, excellentes pour le body, et il fait chaud tous les jours". L’investissement personnel y est pour beaucoup dans l’aventure sportive des frère et sœur.

Il semblerait que leur entraîneur du club, Yvon Martinez, y soit également pour quelque chose. Il a continué à les suivre alors qu’à partir de 18 ans, ils n’y avaient plus droit. Txomin a en plus bénéficié en première année de licence d’une dérogation pour poursuivre la préparation du pôle espoir de Biarritz, qu’il avait débutée au lycée. Financée par la Région Nouvelle-Aquitaine, cette structure fait partie de la filière de Haut-Niveau de la Fédération française de surf. "Le pôle assure un très bon accompagnement, nous avons eu droit à une préparation complète, mais après le lycée, il n’y a rien", constate le garçon. Comme les jeunes Lopez Manterola, au Pays Basque Nord, ils seraient quatre ou cinq surfeurs à glisser de leur propres ailes.