Anaiz Aguirre Olhagaray

Agressions homophobes : seuls 9 % aboutissent à un dépôt de plainte, révèlent Les Bascos

L’association LGTB+ a mené l’enquête en ligne durant trois mois, auprès de 452 personnes dont 247 en Pays Basque. Si la plupart des agressions ont eu lieu dans la rue ou l’espace public, l’étude souligne que 25 % de ces actes interviennent dans le cadre scolaire et 13,2 % dans le cadre d’une activité sportive ou de loisir.

L'enquête a été menée auprès de personnes extérieures à l'association. © Guillaume FAUVEAU
L'enquête a été menée auprès de personnes extérieures à l'association. © Guillaume FAUVEAU

Alors qu’un sondage à l’échelle hexagonale vient de paraître sur les agressions homophobes, l’association bayonnaise Les Bascos a présenté ce lundi 13 mai le premier bilan d’une enquête menée au Pays Basque et au Béarn entre le 7 janvier et le 15 mars 2019. Il en ressort notamment un sentiment d’insécurité des jeunes dans le cadre scolaire, ainsi qu’un faible recours aux associations pour se faire accompagner en cas d’agression.

Ainsi au Pays Basque, “seulement 13 % des victimes” d’agressions homophobes sollicitent l’aide associative. “On a un peu déchanté”, souffle Beñat Gachen, pourtant persuadé que l’association LGBT+ du Pays Basque Nord qu’il préside est suffisamment visible et identifiée. Pour lui, cela signifie qu’il faut renforcer l’action de sensibilisation et de prévention, notamment par la mise en place d’un observatoire à l’échelle non seulement de la Communauté d’agglomération, mais de tout le département 64. Un projet en cours de réflexion, indique-t-il.

Sur le territoire basque, 247 personnes ont répondu au questionnaire, dont 51 % sont des femmes. Un tiers des répondants a déclaré avoir déjà été victime d’une discrimination, et près de la moitié des personnes interrogées dit en avoir été témoin. Les agresseurs sont en majorité des hommes, soulignent également les membres des Bascos. Ils seraient moins tolérants que les femmes envers ce qui “sort de la norme”.

Pourtant, malgré ces chiffres, seuls 9 % de ces agressions ont abouti à un dépôt de plainte, indique le bilan de l’étude. Dans le cadre professionnel, un quart des répondants “se sent mal à l’aise”. Du côté des jeunes, 54 sur 142 (soit un tiers) “expriment nettement leur malaise” dans le cadre scolaire.

Sensibiliser sur le terrain

Les Bascos souhaitent reproduire chaque année l’exercice. “Nous ne sommes pas en mesure de dire si l’homophobie a progressé puisque c’est la première fois que nous menons l’enquête”, précise Beñat Gachen. “Mais la situation est là, elle existe et elle est bien réelle. Elle est souvent banalisée, y compris par les victimes elles-mêmes”.

Les Bascos veulent agir en particulier dans le milieu du sport. “L’idée est d’élaborer un plan pour faire des clubs des relais de sensibilisation”, explique leur président. Contacté par l’association, le club de l’Aviron Bayonnais (AB) serait ainsi disposé, à la saison prochaine, à mener une campagne de sensibilisation, par “une action forte dès l’été”, à la reprise des championnats. Le Biarritz Olympique (BOPB) serait lui aussi sur la même longueur d’onde, comme l’aurait indiqué aux Bascos par téléphone son président Jean-Baptiste Aldigé.

Autre contexte sensible : celui des exilés. La “problématique est généralisée sur tout le territoire”, constate B. Gachen. Des mobilisations auront lieu au mois de juin, annonce-t-il, en collaboration avec les associations du Pays Basque Sud Gehitu (Donostia) et Aldarte (Bilbo). Une “action” à partir du 20 juin, suivie d’une marche “Fierté sans frontières” le 22 juin. D’ici là, Les Bascos invitent à se rendre à l’Atalante ce vendredi 17 mai pour la projection d’un documentaire intitulé “Coming out”, en présence de son réalisateur Denis Parrot.