Sophie BUSSIERE

De l’Europe à notre assiette : qu’attendons-nous pour changer le modèle agricole ?

Sophie Buissière. © DR
Sophie Buissière. © DR

Une agriculture productiviste insoutenable

“Paysanne”, “paysan”, “agricultrice”, “agriculteur”, ou “exploitant agricole” : la façon dont nous nommons ceux qui nous nourrissent est révélateur de notre rapport à notre alimentation et à la terre. L’agriculture conventionnelle productiviste pollue sols, eau, air, bouleverse le climat, appauvrit les sols et atteint la biodiversité. Elle modifie considérablement les paysages, en les uniformisant. Les animaux y sont maltraités. Ce modèle produit des marchandises standardisées qui usurpent le nom de “nourriture”. Et le monde agricole se meurt, dans l’indifférence générale (en quelques dizaines d’années, cinq millions d’emplois ont disparu dans nos campagnes; un agriculteur se suicide tous les deux jours).

La politique agricole commune (PAC) actuelle encourage l’agro-industrie, au détriment de l’équité entre agriculteurs, d’un revenu digne pour nombre d’entre eux, de leur santé et de celle de toute la chaine du vivant. La financiarisation de l’agriculture induit des transports importants de produits, un non sens écologique. Les mêmes réflexions pourraient être formulées à propos de la politique commune de la pêche (PCP), qui favorise la surpêche, véritable hérésie.

Nos propositions pour une agriculture paysanne

La PAC bénéficie du plus important budget de l’Union européenne. C’est donc le premier des leviers sur lequel agir, et le plus efficace pour faire évoluer l’agriculture vers un modèle agroécologique.

Au sein de la liste écologiste aux élections européennes, nous estimons que la question agricole n’a pas la place qu’elle mérite dans le débat public*. L’agriculture doit être l’outil qui garantit de bien vivre ensemble, dans le respect du vivant. Il est temps qu’elle devienne une question politique essentielle.

Nous proposons de changer radicalement le modèle agricole en refondant une politique agricole et alimentaire commune (PAAC) : aides publiques dédiées à l’alimentation et non au financement de l’agro-business, interdiction des mauvais traitements envers les animaux, soutien aux pratiques vertueuses, interdiction des produits phytosanitaires et des nouveaux OGM, mise en œuvre de la transition vers une agriculture 100 % bio et locale, avec une première échéance à 30 % à l’horizon 2025, redistribution plus juste des aides, revalorisation des petites exploitations, contribution à la diversité agricole de nos terroirs, lutte contre le gaspillage alimentaire…

Hier, la malbouffe a été dénoncée avec vigueur par José Bové, aujourd’hui le combat sera repris par l’ensemble des eurodéputés écologistes et incarné par Benoit Biteau, “paysan résistant”. Ici, il est bien question de résistance.

* Liste menée par Yannick Jadot. Pour connaitre notre plan d’action,dont le projet de PAAC : www.pourleclimat.eu.