Goizeder TABERNA

L’académie de Corse annonce l’ouverture de classes immersives

La rectrice d’académie a affirmé la volonté d’étendre l’expérimentation.

Avant son déplacement sur l'île, Emmanuel Macron a réitéré son engagement envers la langue corse dans l'enseignement. (capture d'écran)
Avant son déplacement sur l'île, Emmanuel Macron a réitéré son engagement envers la langue corse dans l'enseignement. (capture d'écran)

En Corse aussi les déclarations de Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, sur l’inconstitutionnalité de l’enseignement immersif dans le public ont provoqué un tollé. Cela n’a pas aidé à apaiser les tensions ravivées par la visite d’Emmanuel Macron. Dans ce contexte, lundi 8 avril, la rectrice Julie Benetti a annoncé l’ouverture de nouvelles classes d’immersions pour la rentrée prochaine, à travers des appels à projets.

La rectrice de l’Académie de corse a affirmé au micro de France Bleu Corse Frequenza Mora que l’expérimentation lancée en 2016 et mise en œuvre à la rentrée dernière sera étendue à d’autres écoles. Le nombre dépendra de la qualité des projets présentés.

L’annonce confirme les déclarations faites par le président Emmanuel Macron dans Corse Matin, le 2 avril dernier. "Nous allons également continuer à développer les maternelles immersives et apporter un soutien particulier aux écoles rurales. Tout cela s'inscrit dans une véritable excellence éducative dans l'île de l'école de la République", a affirmé le chef de l’Etat français, deux jours avant son déplacement.

Des propos à contre-courant avec la ligne défendue par certains membres du gouvernement français sur la question. Ces derniers mois, plusieurs faits ont fragilisé ce modèle éducatif, les exemples au Pays Basque l’illustrent bien, et les propos de Jacqueline Gourault affirmant que "l’enseignement immersif est possible bien sûr dans des écoles privées, comme les Diwan, mais pas dans les écoles publiques, car on ne peut pas raisonnablement l’imposer aux parents" ont enfoncé le clou.

Prétendue inconstitutionnalité

Actuellement, trois maternelles offrent cette possibilité dans le public en Corse ; le réseau associatif d’enseignement immersif de type "ikastola" n’existe pas. Surpris et inquiet par les déclarations de la ministre, Saveriu Luciani, conseiller exécutif en charge de la langue corse, a fait remarquer dans un entretien paru dans Corse Net Infos : "Il est curieux de remarquer que trois jours auparavant, auprès du ministre Blanquer, elle recevait notre délégation, conduite par Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, au ministère de l’Education nationale. Là pourtant, l’immersion ne semblait pas être remise en cause dans les écoles publiques !"

Il est également revenu sur la prétendue inconstitutionnalité de ce modèle pédagogique. La décision 2001-456 DC empêche l’intégration des écoles bretonnes Diwan dans le système éducatif public, "il se limite strictement à cela". "Si [le Conseil constitutionnel] indique bien que, dans le cadre des écoles publiques, on ne peut pas imposer l’immersion, il n’affirme pas pour autant que, si toutes les parties sont d’accord, parents, enseignants, municipalité, il se trouve, alors, juridiquement fondé à s’y opposer", a-t-il relevé. Face à cette polyphonie malheureuse à la tête du Gouvernement, une clarification du ministre de l’Education serait la bienvenue.