Antton Etxeberri

La FDSEA revendique la majorité au Pays Basque… sans convaincre

Les représentants de la liste FDSEA-JA ont tenu une conférence de presse ce lundi après-midi pour contester les déclarations du syndicat ELB. Ce dernier revendiquait qu'une majorité des électeurs basques l'avaient placé en haut du tableau lors de l’élection de la Chambre d’agriculture du département des Pyrénées-Atlantiques. La FDSEA revendique à son tour avoir obtenu la majorité au Pays Basque.

Bernard Layre et Iban Pebet, responsables de la FDSEA et JA
Bernard Layre et Iban Pebet, responsables de la FDSEA et JA

La conférence de presse tenue par Patrick Etchegaray, Bernard Layre et Iban Pebet ce lundi après-midi au siège de St-Palais de la Chambre d’agriculture du département n’avait qu’un objectif : revendiquer à son tour la majorité au sein de l’électorat agricole basque. Face aux "calculs d’apothicaires" de la liste d’ELB, les représentants de la FDSEA ont déroulé leurs chiffres, "qui descendent tout droit du ministère", et qui les placeraient, selon eux, à 51,41 % sur la partie basque.

Sur les 4 387 inscrits pouvant participer à ce scrutin au Pays Basque, 2 682 auraient voté, selon les déclarations des responsables de la FDSEA. Ils affirment avoir reçu ce matin les listes d’émargement, canton par canton. Soit un taux de participation de 61,13% (7 points de mieux que sur l’ensemble du département).

Le syndicat poursuit son raisonnement en partageant les votes blancs et nuls (au nombre de 150 sur l’ensemble du département) en deux parts égales, soit 75 pour le Pays Basque. Ce qui donnerait un nombre de suffrages exprimés de 2 607 électeurs. ELB ayant fait 1 267 voix, il atteindrait, selon son principal opposant, 48,59 % des votes. Quant à la liste FDSEA, elle s’approprie le restant des voix, soit 1 340 sur le Pays Basque, et ainsi peut s’auto-proclamer "majoritaire au Pays Basque aussi, avec 51,41 % des voix".

L’inconnue, le nombre de votes de la Coordination rurale

Un élément de ces élections a été quelque peu oublié dans le raisonnement, celui de la présence de la liste de la Coordination rurale. Le décompte a été fait comme s’il n’y avait que deux listes. Le nombre de 1 340 voix que s’approprie la FDSEA est pourtant la somme des voix de la FDSEA et de la Coordination rurale. Ces deux listes s’étant présentées sur l’ensemble du département, il est impossible de définir combien de voix chacune d’elles a remportées dans la partie ouest du département.

Et c’est dans cette incertitude que n’hésite pas à s’engouffrer le président de la FDSEA 64, Bernard Layre : "Nous considérons que la Coordination rurale n’a obtenu aucune voix au Pays Basque". Le fait que cette liste ne compte qu’une candidate basque parmi les 20 de la liste les conforte dans ce positionnement, même s’il apparaît peu vraisemblable qu’aucun agriculteur parmi les 451 qui ont voté dans le département pour cette liste ne soit du Pays Basque. En fin de compte, c’est le nombre de votes pour la Coordination rurale qui détermine le syndicat arrivé en tête dans ce scrutin au Pays Basque. La FDSEA sortirait vainqueur si le nombre de votes basques pour la Coordination rurale ne dépassait pas les 72. Au-delà de 74 votes, c’est ELB qui arriverait en tête.

Pour ajouter un peu plus aux incertitudes, la FDSEA ajoute que le positionnement de la Confédération paysanne du Béarn, favorable à l’introduction de l’ours dans les Pyrénées, aurait encouragé certains électeurs du Béarn de voter pour ELB. Sans envisager que des paysans basques auraient pu voter pour la Confédération paysanne du Béarn…

La démonstration de la FDSEA, qui, l’on s’en doute, ne convaincra pas la liste ELB, montre la limite d’un système imposé par la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, qui ne veut pas différencier les votes basques et béarnais au moment du comptage. L’existence et le contenu même de la conférence de presse à St-Palais ce lundi révèle pourtant l’enjeu crucial que représente le Pays Basque pour les syndicats agricoles. En revendiquant chacun à leur tour la victoire, les listes ELB et FDSEA confortent leurs assises, en laissant les citoyens décider de qui a été la plus convaincante dans ses démonstrations.