Xan Idiart

Didier Irigoin : “j'ai demandé plus d'aide pour les petites communes”

A l'initiative de l'association des maires ruraux, des élus ont récolté les revendications des administrés dans des cahiers de doléances. Le premier édile de Béguios, Didier Irigoin, encarté à Les Républicains, a "joué le jeu" en plaidant personnellement en faveur des petits villages. Il assure également ne pas se faire d'illusion sur le “grand débat national”. La crise des gilets jaunes devrait d'abord prendre fin avant d'entamer des discussions selon lui.

Didier Irigoin, maire de Béguios plaide pour les petites communes dans les cahiers de doléances. ©Didier Irigoin facebook.
Didier Irigoin, maire de Béguios plaide pour les petites communes dans les cahiers de doléances. ©Didier Irigoin facebook.

MEDIABASK : Avez-vous récolté tous les cahiers de doléances au Pays Basque intérieur ?

Didier Irigoin : Oui, chaque commune les a remontés individuellement à la préfecture de Pau. A titre personnel, je l'ai fait également. C'est à l'initiative de l'association des maires ruraux que nous avons mis en place ces cahiers de doléances, dans le contexte des gilets jaunes. Tout le monde a joué le jeu. C'était une possibilité donnée aux citoyens de s'exprimer.

Qu'est-ce qui ressort dans les grandes lignes de ces cahiers ?

D.I : Il y a plusieurs demandes, très variables, mais ça tourne essentiellement autour de la question de la baisse du pouvoir d'achat que les gens subissent au quotidien. Il y a aussi la hausse des impôts et la baisse de la limitation de vitesse à 80km/h.

Localement, y a-t-il des revendications qu'on ne retrouverait pas en dehors du Pays Basque ?

D.I : Il n'y a pas de revendication propre au Pays Basque. La seule chose qu'on n'entend pas beaucoup dans les médias mais qu'on perçoit sur le terrain est le problème des agriculteurs. Le prix du lait, la difficulté de vivre de son travail, les circuits complexes et longs, cette problématique agricole revient souvent.

Avez-vous espoir d'être entendu par l’État ?

D.I : Très honnêtement, je ne me fais pas d'illusion. On a donné la parole aux gens, aux administrés, on a fait notre travail, c'était nécessaire, et on l'a fait dans un cadre républicain, pour justement répondre aux revendications des gilets jaunes. Mais aujourd'hui, la situation est inquiétante. Je suis maire au Pays Basque mais je travaille sur Paris (NDLR : en charge de l'épargne salariale pour le groupe mutuel CIC) et la situation est catastrophique. Les commerces souffrent des dégâts commis, des dégâts évalués à 40 millions d'euros. Il y a des gens au chômage technique. Les forces de l'ordre subissent des violences. Aujourd'hui, le mouvement doit s'arrêter parce qu'il prend des proportions extrêmes. Je n'attends donc pas grand-chose du grand débat national. J'attends de la fermeté pour que ça s'arrête. Il faut se mettre autour de la table pour discuter calmement, mais pas dans la situation actuelle.

Avez-vous écrit quelque chose en tant que maire dans les cahiers de doléances ?

D.I : A titre personnel, j'ai demandé plus d'aide. Aujourd'hui, les petites communes souffrent. L'exécutif a un discours qui ne va pas dans notre sens. Ces derniers mois, nous étions montrés du doigt. Je dis attention. Les maires et les conseillers municipaux dans les petites municipalités font quasiment du bénévolat. On se dirige peut-être vers le groupement de ces communes. Pour moi, ça serait une catastrophe puisqu'on en laisserait tomber beaucoup. Prenons-en soin. Chacune a son charme.

Dans ce contexte d'abandon de l’État, la moitié des maires ne compte pas se représenter en 2020. Et vous, quel est votre choix ?

D.I : Si les administrés veulent bien de moi, j'ai l'intention de me représenter en 2020. Malgré les difficultés, ça serait presque un acte lâche de laisser tomber la commune. On a accompli beaucoup de choses jusqu'à maintenant, et il faut continuer à se battre et montrer au seul exécutif qu'on est là. On restera debout.