AINHOA AIZPURU

Soupçons de discrimination syndicale chez Castorama

Quatre délégués du personnel ont-ils vraiment fait l’objet de discrimination syndicale au sein du magasin Castorama d’Anglet ? Après avoir entendu les différentes parties, le tribunal correctionnel de Bayonne rendra sa décision le 12 février.

Pour l'enseigne Castorama, ces écarts de salaires proviendraient d'augmentations distribuées chaque année aux "meilleurs" salariés.
Pour l'enseigne Castorama, ces écarts de salaires proviendraient d'augmentations distribuées chaque année aux "meilleurs" salariés.

L’enseigne Castorama d’Anglet a été entendue par le tribunal correctionnel, ce mercredi 9 janvier, pour discrimination syndicale. Quatre syndicalistes de LAB présentaient des rémunérations mensuelles inférieures jusqu’à 100 euros par rapport au reste des salariés selon une enquête de l’Inspection du travail. Ils réclament aujourd’hui un rattrapage salarial sur les années 2011 et 2012.

Les quatre salariés syndicalistes ont-ils vraiment souffert de leur engagement ? C’est ce qu’a défendu l’Inspection du travail. Après une enquête, menée selon une méthode de panels représentatifs prenant en compte des salariés au profil similaire en 2011 et 2012, elle a confirmé des écarts compris entre 60 euros et 100 euros au détriment des quatre syndicalistes de LAB. De son côté, le parquet qui déplore "des manquements à l’enquête" infirme ces accusations et demande la relaxe de l’enseigne Castorama.

L’affaire remonte à 2011, lorsque quatre salariés syndicalistes de LAB alertent l’Inspection du travail afin qu’elle mène son enquête. Ils ont de sérieux doutes quant à leurs rémunérations. "Nous avons eu accès à des documents internes notamment sur les salaires" indique Frank Hervé. Pour cet ex-salarié de Castorama, cela ne fait aucun doute : "On s’apercevait bien, en parlant avec les collègues, que l’on était moins bien payés que les autres". Selon lui, ils n’auraient pas été les seuls à faire l’objet de discrimination. "La CGT a elle aussi engagé une procédure qui a d’ailleurs abouti à une condamnation de Castorama", précise-t-il. Dans ce cas-là, c’est la voie civile qui aurait été retenue avec une procédure prud’homale.

Pour Frank Hervé, l’audience du 9 janvier dernier ne s’est pas passée exactement comme il l’aurait souhaité. "Je m’attendais à voir l’ancienne procureure, celle qui avait suivi le dossier et qui était de notre côté". Il regrette ce changement de dernière minute dont il n’a pas été averti. "On parle de dysfonctionnement de la Justice, ici nous sommes en plein dedans. Comment une procureure qui est arrivée depuis à peine une semaine peut-elle avoir pris connaissance de l’intégralité de notre dossier ?"

"Tirer un trait sur tout ça"

L’ancien salarié de Castorama est prêt à se battre mais commence aussi à être épuisé par toute cette affaire. "Toute cette procédure est extrêmement longue. Et quand on voit aujourd’hui la tournure qu’a pris le procès, avec l’arrivée de cette nouvelle procureure..." Aujourd’hui, il travaille dans une fromagerie à taille humaine, près de chez lui, et ne regrette en rien "l’ambiance de ces grandes boîtes". Tout ce qu’il souhaite maintenant, c’est "tirer un trait sur tout ça" et que justice soit faite. "Dans d’autres cas, certains demandent des milliers d’euros de dommages et intérêts. Nous tous, ce que l’on réclame, c’est la réparation de la perte de nos salaires sur les années 2011 et 2012". Frank Hervé devra patienter encore un peu. Le tribunal correctionnel rendra sa décision le 12 février prochain.