Anaiz Aguirre Olhagaray

Chronoplus en plein remous

Le syndicat FO dément les accusations de “harcèlement” portées à son encontre par un conducteur de bus. La CGT-Chronoplus a diffusé en interne un tract appelant à “laisser la justice s’exprimer” avant d’entrer dans le débat. La décision prud'homale devrait être rendue au mois de février prochain.

Plusieurs conducteurs de Chronoplus syndiqués à la CGT se plaignent de discrimination syndicale.
Plusieurs conducteurs de Chronoplus syndiqués à la CGT se plaignent de discrimination syndicale.

La conférence de presse qui s’est tenue le 6 décembre dernier a secoué Chronoplus. Soutenu par l’union locale CGT, un salarié du réseau de transports a dénoncé un "harcèlement" sur son lieu de travail ainsi que des propos homophobes de la part de collègues de Force Ouvrière, le syndicat majoritaire. Des accusations que FO réfute, se réservant "la possibilité de déposer une plainte pour diffamation".

Le communiqué de presse de FO s'appuie en fait sur le contenu d'un tract affiché par la CGT-Chronoplus à l'attention de tous les salariés, dans lequel elle précise que l’affaire est entre les mains de l’union locale CGT de Bayonne et non des siennes. Elle ajoute n'avoir "jamais tenté de nuire à l'image des employés et de l'entreprise" et préfère attendre que la justice délibère, avant d’entrer dans le débat. Plus précisément, la CGT-Chronoplus affirme dans ce document "qu’il n’y a pas et qu’il n’y a jamais eu d’homophobie dans notre entreprise".

Des propos favorablement accueillis par FO, selon qui la prise de position de la délégation CGT-Chronoplus vient mettre "hors de cause le syndicat majoritaire Force Ouvrière, les salariés et l’entreprise".

Pour Carl André, secrétaire de l'Union locale CGT, ce tract a pu être écrit dans la panique qui a suivi les publications de presse du 7 décembre, et qui ont eu l’effet d’une petite bombe. "Des propos homophobes, il s'en tient bel et bien de la part de certains salariés", assure-t-il.

Pierre-Marie Ditte, directeur de Keolis, se dit le premier surpris de la démarche engagée par le conducteur de bus : "Une très grande majorité des salariés sont persuadés que ces assertions sont mensongères et calomnieuses. Ils ont l'impression qu'on les salit et qu'on salit l'entreprise. Beaucoup d'écrits me parviennent, de conducteurs et de conductrices qui peuvent justifier de l'absence de telles pratiques" argue-t-il.

Un "mal-être" signalé depuis plusieurs mois

Les tensions au sein de l'entreprise remonteraient à il y a quelques mois, lorsque la CGT-Chronoplus a distribué aux salariés un questionnaire sur leurs conditions de travail. Une enquête "dont il est ressorti quelque chose d’alarmant", indique Carl André, et qui révélait déjà un certain mal-être chez les employés. "Nous en avons informé la direction, mais elle a préféré faire l’autruche" déplore le secrétaire syndical. Pour Pierre-Marie Ditte, l'entreprise qu'il dirige "travaille au quotidien pour favoriser le dialogue social" et il assure rencontrer lui-même régulièrement tous les délégués, "quels que soient les syndicats". Le tribunal des prud'hommes devrait délibérer en février 2019 sur les faits de "harcèlement moral à caractère discriminatoire".