AINHOA AIZPURU

Scènes de guerre au lycée

Alors que les blocages des lycées se poursuivent dans une ambiance plutôt calme au Pays Basque, une vidéo tourne en boucle sur les réseaux sociaux. On a encore du mal à y croire mais la scène se déroule bien dans l'Hexagone, à Mantes-la-Jolie plus exactement.

153 jeunes, entre 12 et 20 ans, ont été placés en garde à vue au terme de la journée.
153 jeunes, entre 12 et 20 ans, ont été placés en garde à vue au terme de la journée.

Sur ces images on peut voir des rangées d’élèves à genoux, leur sac à dos de lycéens sur les épaules et les mains derrière la nuque. La scène s’est déroulée à Mantes-la-Jolie dans les Yvelines, à la mi-journée, ce jeudi 6 décembre.

Les adolescents semblent être traités dans un contexte de guerre, agenouillés, certains sont plaqués mains aux murs comme s’ils allaient être fouillés. La scène semble statique. Les policiers, boucliers et matraques à la main, ont les mains aux hanches. On pourrait croire que cela fait un moment que les jeunes sont dans cette position et qu’ils peuvent le rester encore si les forces de l’ordre le décident. Une voix métallique commente : "Voilà une classe qui se tient sage". La disproportion des moyens est manifeste.

Depuis, la vidéo est devenue virale et suscite de nombreuses réactions d’indignation sur les réseaux sociaux. Dans la soirée, le leader de Génération.s, Benoît Hamon, a vivement réagi sur Twitter : "Glaçant, inadmissible. Cela n’est pas la République. La jeunesse française humiliée", avant de s’interroger : "mais que cherche le pouvoir sinon la colère en retour?". "Simplement intolérable" a commenté Cécile Duflot, l’ancienne ministre aujourd’hui directrice d’Oxfam France. De son côté, l’Insoumise, Clémentine Autain, député de Seine-Saint-Denis a qualifié d’"effrayant" et "inacceptable d’un point de vue humain et démocratique" ces violences policières.

La tentation de considérer toute violence comme émanant d’un contexte de guerre n’est malheureusement pas nouvelle. C’est un état d’esprit fréquemment présent dans le discours de fermeté proposé par la droite et par Emmanuel Macron. Le suréquipement des agents peut donner le sentiment de se trouver dans un jeu vidéo de guerre. Il peut aussi accentuer une sensation d’impunité qui est dangereuse.

Les banlieues des grandes villes

Au delà des revendications concrètes du mouvement des gilets jaunes, auxquelles se sont greffés les lycéens, tout un chacun est conscient que les banlieues des grandes villes françaises restent un territoire délicat. Comme l’a montré l’embrassement des banlieues en 2005, ce sont des espaces jeunes, extrêmement appauvris et dégradés, où il n’en faut pas beaucoup pour faire éclater les frustrations. Il s’agit avant tout de zones souffrant de problèmes économique et sociaux auxquels des solutions adéquates nécessitent d'être apportées.

Même si ces images font suite à des actes de violence, il convient de ne pas se laisser aveugler par le discours de condamnation. Traiter des lycéens avec une telle violence, en plus d’être injuste et inacceptable, est un acte qui peut laisser des séquelles chez de nombreux adolescents. Comme dit le vieil adage, quiconque se sert de l’épée périra par l’épée.

Au Pays Basque

Au Pays Basque Nord, les blocages se poursuivent dans différents établissements dont les lycées Bernat Etxepare ou René Cassin à Bayonne. L'ambiance est ici tout à fait sereine. Assis devant leur établissement bloqué par des barricades, les élèves du lycée Etxepare réfléchissent à la suite à donner au mouvement.